Un vol a eu lieu dans la librairie Aux mots doux. le voleur s'y est glissé en douce une nuit, en utilisant son savoir des serrures pour crocheter l'arrière du bâtiment. Il laisse à la place du livre visé une porcelaine en forme de fleur. Quand la famille Dominique réalise le méfait, les deux enfants, Tiffany et Tomi, se lancent sur ses traces. D'autres livres ont été volés dans d'autres librairies, tous du même auteur, Rémi Tourgen, expatrié de France ayant vécu en Australie et mort depuis quelques jours. Avec l'aide d'Oscar et de leur chien Dobby, les trois enfants tentent de trouver le voleur.



D'habitude, j'aime beaucoup les romans de la collection Deuzio, mais celui-ci m'a semblé très tiré par les cheveux. J'ai conscience que ce n'est pas facile de faire des enquêtes avec des personnages jeunes, mais tomber dans la facilité n'est pas souhaitable non plus.



Déjà, je suis un peu étourdie par la présence déraisonnable des points d'exclamation. Bon sang! On a l'impression que les personnages sont toujours en train de crier, s'exclamer ou de capoter ( Québécisme: disjoncter/paniquer). Et les dialogues manquent beaucoup de naturel, notamment quand ils nomment des choses qu'on ne mentionne pas à l'oral d'habitude ou qu'ils embellissent des phrases inutilement. La plume est jolie, elle est juste parfois pas assez précise sur certaines des actions ou certaines séquences.



Quand à l'enquête elle-même, sans dire qu'elle est incohérente, elle est simplement trop simpliste. La devinette de la fin, où il fallait deviner les éléments des couvertures des livres susceptibles de mener à un trésor s'est fait en dix minutes top chrono, avec une déduction réussie au premier coup pour chaque livre, alors que personne n'était là pour valider. On a dressé un portrait-robot grâce à la mémoire d'Oscar ( vraiment?!) et au talent de dessinatrice de Tiffany ( en plus?!). Ce qui me laisse perplexe tout-de-même, est le fait que la voleuse a eu assez de bon sens pour employer son talent la nuit, loin des regards, mais pas pour cette quatrième escapade en librairie? Ce qui a permit à nos enquêteurs en herbe de voir son visage et de faire son portrait. Ah ben, assez simple, en fait et quelle chance que la voleuse ait changé son mode opératoire. Plus loin, il y a aussi le fait que commodément, le grand-père d'Oscar connaissait l'auteur des albums ( on parle d'un gars qui a quitté le pays depuis 70 ans quand même et qui n'a donc pas du connaitre beaucoup de français). Quel hasard commode!



Bref, je ne vais pas tous les ramener ici, je résumerais en disant que tout est trop commode et très expéditif pour une enquête. Et je suis un peu perplexe devant ce père qui, à deux reprises, donne une consigne à ses enfants de ne pas trop s'avancer dans cette enquête, mais qui, à deux reprises, passent outre. " Vous avez été formidables, même si vous avez désobéi. Vraiment je suis fiers de vous!". Et ben, en voilà un parent incohérent. Dernière chose, je trouve que les adultes en beurraient épais sur l'exceptionnalité de leurs enfants, alors que très franchement, ils sont surtout extrêmement chanceux.



Dans les points positifs, ça se lit somme toute bien.



Attention, il y aura des divulgâches.



La fin est quand à elle un peu malaisante, car on excuse les vols par une histoire certes touchante, mais qui n'excuse pas de voler des livres. Je vais être honnête, je m'attendais à avoir une raison TRÈS sérieuse pour justifier un vol de livre, et encore. Étant libraire moi-même, les vols, je suis familière avec ça. Et la réalité, c'est que ça nuit vraiment. Je dirais aussi qu'il existe des options bien moins problématiques au problème du personnage, comme d'acheter des livres usagés, moins chers. C'est dur d'avaler que "je les voulais pour moi". Oui, comme beaucoup de gens. C"est d'ailleurs l'intérêt des accès aux bibliothèques qui donnent justement le droit aux gens de lire gratuitement. La voleuse explique aussi que "il aurait pu me les offrir ces livres, c'est quand même un peu grâce à moi qu'il est célèbre". Ah oui? Alors, je comprend que cette personne s'est donné le droit de voler des livres parce qu'elle croyait les "mériter". C'est censé excuser sa conduite? Ça sonne dangereusement comme une sorte de vengeance teintée d'amertume. La voleuse a laissé les fleurs sur place pour "laisser quelque chose de précieux en échange", mais là encore, ça n'excuse pas son geste, ça ne fait qu'apaiser ses propres remords. Désolée, Rose, moi , je n'achète pas ces justifications.



C'est peut-être mon côté fortement honnête qui fait ça, me je n'adhère pas aux excuses criminelles facilement, en littérature jeunesse comme en littérature adulte et ici, la raison est à la limite du risible. À la rigueur, voler pour ne pas mourir de faim est en partie excusable, mais pas pour le simple caprice de posséder des choses, à mon sens. Et qu'aucuns personnages n'aient au moins soulevé le côté immoral de la choses, attendris par son histoire avec l'auteur des albums, ça me chicote. Je me demande ce son ami auteur aurait pensé d'elle s'il avait su de quelle manière elle avait décidé d'obtenir ses livres...C'est même un peu étrange pour un livre dédiée aux libraires de parler de vols de livres. Dans le livre, les libraires des librairies volées font même une fête pour célébrer la découverte du trésor remit à notre voleuse, qui s'en tire sans le moindre reproche. Ah ben. Malaise.



Bref, je ne suis pas impressionnée et je ne vais sans doute pas garder ce livre en tête, mais c'est là mon avis personnel.



Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans

Créée

le 27 févr. 2024

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Shaynning

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