Le monde est curieux, c'est Bàrnabo que j'avais envie de lire, et l'édition comportait Le secret du Bosci Vecchio mais j'étais parti pour ne pas le lire, deux Buzzati d'affilés c'était peut-être trop et puis je me méfie toujours quand on me parle de "récit écolo avant l'heure". Mais bon comme j'étais bloqué hors de chez moi sans autre lecture, je me suis lancé dedans. Il s'avère qu'après l'avoir fini je le préfère à Barnabo.
La encore, pas de surprise, encore et toujours le passage du temps et la nature sont au centre du récit, c'est une véritable obsession! Mais cette fois tout le concept est entièrement différent. Fini le réalisme naturaliste, nous nous trouvons ici plongés dans un conte. Bosco Vecchio est une forêt magique ou les animaux et les vents parlent et chantent à ceux qui peuvent les entendre, les enfants évidemment! Chacun sait que le Bosco Vecchio doit rester inviolée, il n'y a pas d'interdiction formelle, mais la tradition veut qu'aucun arbre ne fasse l'objet d'une coupe, qu'aucun travail n'y soit effectuée. La forêt doit rester libre.
Enfin du moins jusqu'à l'arrivée du colonel Procolo, terreur de son régiment, un homme froid et insensible, chargé de s'occuper du bois jusqu'à la majorité de son neveu et qui compte bien en faire du petit bois car sinon



A quoi me sert la forêt, alors? Tous ces arbres ne me seraient plus d'aucun rapport? M'en savoir propriétaire serait l'unique satisfaction?



Cet homme dépeint comme mauvais, terre à terre et insensible à la beauté du monde, dont le but avoué est de tuer son neveu pour hériter à sa place, par une ironie étrange, contrairement à toutes les attentes, s'adapte parfaitement au coté enchanteur de ses bois et agit avec le naturel le plus consommé, acceptant les plus grandes incongruités. Comme une gangrène, il devient le maître du Bosco Vecchio, étendant son influence grâce à l'aide du vent Mattéo, un vieux vent emprisonné pendant 20 ans, autrefois majestueux et craint de tous, qui n'est plus que l'ombre de sa gloire passée. Par petites touches subtils, ces deux personnages à priori antipathiques vont évoluer jusqu'à l'apothéose finale (on est chez Buzzati hein, c'est une fin douce amère empreinte de noblesse triste) dont l'image reste dans la mémoire.



Tu n'as plus de force, je le vois bien...Mais, colonel, pourquoi ne pas me l'avoir dit? Pourquoi as tu voulu feindre? Avoue le: j'étais essoufflé, fini, tout juste bon à soutenir quelques aquilons, mais toi aussi tu avais vieilli, toi aussi tu avais changé, ton cœur sentait le besoin d'être réchauffé, et tu n'as rien voulu en dire...Tu avais honte, colonel? Honte d'être un homme? D'être semblable à tous les autres?


Leo_Mance
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le 22 mars 2022

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