Frank Cauldhame vit avec son père sur un îlot en Ecosse, chacun avec sa citadelle imprenable dans la maison, le bureau du père toujours verrouillé et le refuge du fils au dernier étage de la maison. Il est le seigneur de cet îlot qu’il défend comme une forteresse.

Enfant meurtrier qui se croit confiné dans une adolescence éternelle, Frank revient sur sa vie au cours de ses virées dans l’île ou au pub du village le plus proche, sur les circonstances extraordinaires des trois meurtres qu’il a commis étant enfant, et sur sa relation avec son frère Éric qui vient de s’évader d’un asile psychiatrique. Frank est un fou très intelligent, et la folie semble être une pathologie familiale entre son père obsessionnel et menteur, qui a toujours dissimulé aux autorités l’existence de son fils Frank, et son frère Eric, tueur de chiens et persécuteur d’enfants.

A propos de l’éducation particulière qu’il a reçue et des mensonges de son père (et car il y a toujours de l’humour chez Iain Banks) : « Quand j’étais plus jeune, il avait coutume de répondre à mes questions naïves par d’énormes balivernes. C’est ainsi que, pendant des années, j’ai été convaincu que Pathos était un des trois mousquetaires, que Fellation était un personnage de Hamlet, Vitreux, une ville française, ou encore que les paysans irlandais devaient fouler la tourbe pour obtenir la Guinness. »

Frank a une logique interne très structurée, il est un grand créateur de symboles, un bâtisseur de barrages, de ponts et de villages, un concepteur infatigable de bombes pour, entre autres, ressentir la jouissance de la destruction quand il fait exploser ses constructions ; il est l’ordonnateur de cérémonies très codées, de rituels avec des animaux, en particulier des guêpes victimes offertes à son Sanctuaire, un lieu de sacrifices et de divination très sophistiqué dans son refuge, qu’il ne cesse de perfectionner. Asocial, son seul ami est Jamie, un nain qu’il promène sur ses épaules. Enfin, Frank hait les femmes pour des raisons qu’on découvrira au cours du récit.

« Le Sanctuaire aux Guêpes est beau et d’une perfection redoutable. Il allait me dire ce qui se passerait. Comme ça, je saurai que faire, et je pourrai peut-être même, après l’avoir consulté, essayer de rentrer en contact avec Eric, par l’intermédiaire du crâne de Saül. Même si nous ne sommes que demi-frères, nous avons quand même un lien de sang […] Enfin, il y a un dernier facteur qui nous rapproche, auquel je n’ai pensé que récemment : on est, l’un comme l’autre, des meurtriers.
En fait, c’est pour ça que sont faits les hommes. Chaque sexe a sa spécialité : les femmes donnent la vie, les hommes la reprennent. »

Le seigneur des guêpes est un roman hors normes, loin de tout dans ce morceau de territoire isolé, dans la mythologie et les croyances de Frank, un être manipulé qui se croit tout puissant dans un monde qui suit sa propre logique. Dans un registre bien sûr très différent, c’est une révélation qui a la force d’un Enig Marcheur : deux récits fantastiques du début des années 1980.
MarianneL
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le 11 févr. 2013

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MarianneL

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