Intéressant roman jeunesse, grave par le sujet et par le ton.
Nous sommes au IIème siècle, à Lyon - enfin à Lugdunum - et grâce à la plume documentée d'Odile Weulersse, nous découvrons la vie quotidienne gallo-romaine, ses us et ses coutumes, ses traditions et ses cultes.
Toutilla, jeune esclave chrétienne rachetée par son oncle, un artisan du cuir affranchi, révèle à ses proches une ferveur religieuse qui n'est pas sans les étonner, eux dont la spiritualité est aussi éparpillée que la mosaïque des dieux mineurs et majeurs du monde latin et essentiellement constituée d'innombrables superstitions et idolâtries. Incomprise, la jeune femme se fait vite remarquer et pas pour son bien. Quatre mois de canicule imputés aux impies chrétiens déchaînent vite sur elle et ses frères en Christ le mécontentement populaire. Or quand le peuple est en colère, l'empereur le calme en lui offrant des "spectacles", parmi lesquels le rare et recherché martyre des chrétiens...
ALERTE SPOILER
J'ai d'abord été assez surprise par le rythme rapide du roman, j'ai eu l'impression que l'action se mettait trop facilement en place, avant de me rappeler qu'il s'agissait là d'un roman destiné aux jeunes lecteurs. L'évidente facilité de la narration est contrebalancée au fil des pages par l’amplification de la dimension dramatique jusqu'au dénouement particulièrement réaliste - quoique surprenant étant donné l'âge du lectorat - avec la mise à mort de l'héroïne et des chrétiens, et la condamnation de son fiancé Gédémo par Marc Aurèle.
Au final, on peut dire que l'auteur n'a pas cédé à la facilité et a véritablement cherché à retranscrire l'histoire des premiers chrétiens persécutés, dans un contexte politique et social précis. Ce n'est jamais une tâche aisée d'aborder la foi de manière à illustrer le martyre et je trouve ce pari risqué plutôt réussi.
Impossible, bien sûr, de ne pas évoquer au cours de ma lecture l'inoubliable "Quo vadis ?" de Henryk Sienkiewicz qui a sans aucun doute été l'une des sources d'inspiration de l'auteur.