ça fait plus d'un an que ce roman m'intriguait. Plus précisément, son titre m'intriguait. Je n'ai su que plus tard que ce titre était une référence à Augustin d'Hippone, et ce n'est qu'après en avoir commencé la lecture que je me suis souvenu qu'il avait obtenu le Prix Goncourt 2012.
Le Serment sur la chute de Rome se déroule en Corse, où l'on suit le destin de plusieurs personnages d'une même famille. Marcel Antonetti, le grand-père, né après la Grande Guerre, et Matthieu, son petit-fils, issu d'une union consanguine, et qui va quitter ses études de philosophie pour diriger un bar dans un minuscule village corse. Le roman est construit sur une alternance entre plusieurs parties : une petite partie (10-15 pages) sur le grand-père, puis une grande partie (40 pages) sur Matthieu, puis Marcel, puis Matthieu et ainsi de suite. L'écriture, qui emploie souvent de longues phrases (voire de très longues phrases) n'est pas désagréable et l'ensemble se laisse lire avec un certain plaisir.
Pourtant, pour une raison que je saurais vraiment expliquer, ce roman m'a laissé sur ma faim. Il est bien en-deçà de ce qu'il aurait pu être. Le problème ? je dirais qu'il manque de profondeur. Que l'écriture forme une sorte d'écrin qui ne recèle aucun bijou. Une rhétorique vide.
Oh ! Bien sûr, le roman se calque sur le fameux sermon 81 d'Augustin, et le thème de la fin d'un monde est traité en long, en large et en travers. Tout, ici, est instable. Tout est précaire, tout ce que l'homme bâtit s'écroule tôt ou tard. Instabilité des choses, des hommes et de leurs projets, de leurs résolutions, de leurs humeurs, de la vérité et du monde lui-même.
Le thème aurait pu être intéressant, certes, à condition d'être mieux traité. Mais ici, il n'y a aucune originalité, et surtout aucune ampleur. On parle de la fin d'un monde, que diable ! C'est quand même autre chose que le combat hésitant de deux ivrognes sur le macadam devant un bar de patelin !
Les sujets traités ne sont pas à la hauteur du thème évoqué. Et l'écriture, dont on sent qu'elle aurait pu donner naissance à un souffle épique grandiose, tombe à plat. Tragédie du quotidien, diront certains. On a la tragédie que l'on mérite. Mais si on invoque l'immense Augustin, il faut se montrer à la hauteur.
Je chipote sûrement, car le roman n'est, je le répète, pas désagréable à lire. C'est juste une sorte d'exercice de style un peu creux.