Deux amis d’enfance font des études de philosophie à la Sorbonne : Matthieu étudie Leibnitz et Libero a choisi Augustin d’Hippone. Mais pour des raisons différentes, ils décident d’abandonner leur cursus : Matthieu ne rêve que de rentrer au pays – un petit village de la montagne corse d’où est originaire sa famille exilée à Paris ; Libero, quant à lui, est désabusé : étudiants et professeurs ne trouvent plus grâce à ses yeux (tous des imbéciles). Aussi n’hésitent-ils pas lorsque la gérance du bar de leur village est de nouveau disponible : ils plient leurs gaules et rentrent ventre à terre au bercail. A la grande contrariété de leurs familles déçues de ce gâchis manifeste.
Mais contre toute attente, les recettes du bar s’envolent à la suite d’une gestion intelligente et pleine de bon sens. Et des conseils avisés de Vincent, un ami qui connaît bien le milieu. Annie, une serveuse chevronnée d’un établissement olé-olé, est placée à la caisse. Elle ne manque jamais d’accueillir les clients mâles d’une discrète caresse à l’entre-jambe. Pour le service, quatre jeunes filles sont recrutées parmi les touristes du moment : elles s’imposent rapidement comme des aimants à clients drainés des kilomètres et des kilomètres à la ronde. Pierre-Emmanuel, un cortenais, joue de la musique et Bernard, l’ancien gérant, est gardé à la plonge. Métaphoriquement, ce bar minable devient alors le centre du monde – comme Rome l’était en son temps. Et comme l’ancien empire, il connaît l’apogée, le déclin puis la chute.
Un livre qu’il est difficile de résumer. Et dont il est difficile de parler. Une atmosphère merveilleuse de maquis et ses senteurs de ciste ; des personnages attachants ; la Corse et ses villages reculés. Un livre à l’histoire somme toute assez simple, mais contée par Jérôme Ferrari dans un style absolument fabuleux. Un texte très dense, sans paragraphe, des phrases longues dans lesquelles le point est souvent remplacé par la virgule, me rappelant un peu Saramago. L’auteur joue en virtuose avec les mots pour le plus grand plaisir du lecteur émerveillé. Un ton souvent touchant, drôle, quelques fois cynique pour une lecture qui fera date. Un choc pour moi qui découvre cet auteur à travers ce livre époustouflant.
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le 17 oct. 2012

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