Derrière le "concept" un peu pédant de "carnet littéraire" tel qu'expliqué par Didier Plateau en épilogue du "Serrurier Volant", il n'y a guère finalement que le vieux retour du roman illustré de quelques planches, une idée vieille comme le monde, tombée en désuétude, hormis en ce qui concerne les livres pour enfants, rassurés par ces images qui les relient encore à un imaginaire enfantin. Pas de quoi en faire un fromage, surtout que Tardi s'est déjà livré à ce genre d'exercice (on se rappelle de l'édition impressionnante du "Voyage au bout de la Nuit"). Et surtout que le mini texte de Benacquista, un rien paresseux, ne fait qu'entrouvrir les portes crochetées par notre serrurier "perturbé". On peut trouver élégant ce choix d'une fiction a minima, mais le résultat est un livre qui glisse sur son lecteur avec une légèreté qui frôle l'insignifiance. Et quand on finit par se ravir d'une conclusion cruelle qui dit toute l'inutilité des rêves comme des "bonnes actions", un 7ème chapitre nous propose un happy end en forme de rédition consensuelle au conformisme le plus commun. Et dire qu'au même moment, Tardi bossait sur son adaptation au vitriol du "Cri du Peuple" ! Sans doute avait-il besoin de vacances... [Critique écrite en 2008]