Mrs Headway est décidée à pénétrer la vieille société anglaise. Car jusqu’à présent, on ne peut pas dire qu’elle ait connu un succès époustouflant. Américaine, Mrs Headway n’a pas eu beaucoup de chance en amour. Elle a été mariée plusieurs fois et chacune de ses unions s’est révélée désastreuse. Soit que le mari se révélât un fieffé coquin (la conduisant à demander le divorce), soit qu’il mourût.
La succession des noces fût telle que George Littlemore, un ami de longue date, ne sût comment l’appeler lorsqu’il la rencontrât à la Comédie Française après l’avoir perdue de vue six longues années. C’est à travers les yeux de ce gentleman américain et ceux de son ami et compatriote Waterville que Henry James va nous conter la lutte de chaque instant que cette femme accablée va livrer pour son ascension sociale. Car c’est purement et simplement le siège de la capitale britannique qu’elle n’hésitera pas à entreprendre pour parvenir à ses fins.
Sans aucune garantie de succès, tant la vieille Europe, très conservatrice, s’interroge sur la respectabilité d’une femme ayant été rejetée par sa propre nation.
Une nouvelle différente de celles que j’ai déjà eu l’occasion de lire. On y décèle une grande tension assez inhabituelle. Les personnages sont exacerbés. L’ascension de Mrs Headway est un véritable chemin de croix. On lui tourne le dos. Elle se désespère de voir les portes s’ouvrir si lentement. On souffre avec elle : tant d’effort pour de si maigres gains. Parviendra-t-elle à se hisser comme elle le souhaite, ou est-elle condamner à végéter ? à nager entre deux eaux ? Ses amis qui pourraient l’aider hésitent. Intervenir ? Mais dans quel sens ? Pour ou contre ? Car si la dame est belle et pas pire qu’une autre, elle traine tout de même de terribles casseroles. On s’interroge donc. On coupe les cheveux en quatre. On s’épie, on se regarde. Que va faire untel ? On prétend ne pas être concerné par la question. Tout en reconnaissant que quelqu’un devrait intervenir (mais pas soi-même, bien entendu).
Henry James met l’accent sur tous les petits travers de la société. Ses hontes, ses fuites. Ses petites vilénies et autres trahisons. Une analyse inaccoutumée pour une nouvelle insolite et fort intéressante.
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le 29 oct. 2013

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