J'ai retrouvé Le Sixième Sommeil dans un tiroir. Je ne l'avais même pas lu, moi qui suis un grand fan de Bernard Werber! Il m'a fallu remédier à cela au plus vite.
Dans un premier temps, ce fut l'incompréhension. Bientôt muée en une amère déception. J'eu le sentiment que Werber en est arrivé à ce stade où les écrivains trop populaires écrivent dans le seul but de produire, car leur impressario leur demande de sortir des romans à intervalle régulier.
En lisant cet ouvrage, j'avais la sensation de lire une caricature du style Werber, une mauvaise contrefaçon. L'ouvrage est une bouillie de ce qui a fait la popularité de Werber, contenant l'ensemble de ses éléments stylistiques emblématiques, mais de façon bien trop accentuée et très mal dosée, comme un plat trop sucré qui finirait par provoquer un certain dégoût au bout de trois bouchées. Ainsi, l'auteur nous noie de références culturelles (groupes de musique par exemple) qui s'insèrent très mal dans les dialogues, de notions pseudo-philosophiques dignes d'une discussion au comptoir d'un bar après le quatrième verre, de grandissimes scientifiques dont la moindre tirade est excessivement glorifiée (souvenez vous de la conférence universitaire présentée par Caroline Klein : monstrueusement creuse et vide de sens, et malgré tout ovationnée par une foule en délire comme s'il s'agissait du discours du candidat à la présidentielle le plus en vogue), et de personnages secondaires clichés que l'auteur semble avoir oublié de développer.
Pour ne rien arranger, de nombreuses sensations de déja-vu me font penser à un mauvais repompage des Thanatonautes (la scène de la mort de Akhilesh ressemble en tous points à l'envol raté d'un Thanatonaute).
On se retrouve alors face à un scénario raté, tiré d'une idée ratée, mettant en scène des personnages ratés, de façon ratée. Ainsi, l'ouvrage se brode autour d'incohérences (si vous êtes capables de communiquer avec une personne vous parlant depuis l'extérieur, je suis désolé, mais vous n'êtes pas en sommeil paradoxal!) et d'une succession de personnages dont on oublie aussitôt le prénom (j'ai du ressortir le roman pour nommer les quelques personnages cités dans cette critique). Pour ce qui est de la forme, Werber ne nous a certes jamais éblouis de par son style à proprement parler, mais cela semble s'empirer encore dans cet ouvrage.
Le Sixième Sommeil fut ainsi, pour le lecteur fan que je suis, une amère déception. Werber a beau prétendre, au fil des interviews destinées à vendre le roman, qu'il a toujours été passionné par le sommeil paradoxal et l'a étudié pendant des années, ce livre semble n'être là que pour vendre, que pour apposer le nom sacré de Bernard Werber sur un ouvrage touchant un sujet "mystico-psycho-philosophique".
J'ai envie de lui dire : "si tu n'as rien à raconter, alors ne raconte rien. On ne t'en voudra pas".
En attendant, je vais devoir me replonger dans l'une de ses précédentes oeuvres pour me consoler de tout cela.