Le narrateur n’est pas parti la fleur au fusil, il n’imagine pas que le conflit va s’éterniser, évidemment personne ne peut le prévoir. Il croit passer l’été sous les drapeaux et revenir à temps pour les vendanges avec l’Alsace et la Lorraine en bandoulière. Pour sa part son sort a été rapidement scellé, il a perdu une main dès l’automne 1914, c’en était fini de sa participation au combat. Il culpabilise d’avoir quitté le front à cause de sa blessure. Alors c’est parce qu’il sent qu’il a une dette envers ses camarades qu’il se lance dans le travail d’enquêteur pour permettre à des veuves de toucher une pension ou à des communes de mettre un nom sur un monument. C’est ainsi qu’en 1925, Jeanne Joplain le charge de retrouver la trace de son fils Emile ;
Gilles Marchand nous entraîne dans un véritable jeu de piste à la recherche d’un jeune homme pas taillé pour la guerre, un romantique, un poète. Il semble s’être volatilisé, le narrateur va remuer pendant sept ans cette merde de Grande Guerre dans l’espoir de découvrir des indices sur le soldat disparu.
À travers cette quête, l’auteur nous fait revivre l’horreur des combats, où les soldats ne sont que de la chair pour nourrir la mitraille allemande, on trouve de tout dans les tranchées de Verdun, des corps sans tête, des bouches sans personne, des extraits d’hommes. Et au milieu des violences et de l’abomination, une incroyable histoire d’amour. Ce roman dédié aux victimes de toutes les guerres aborde d’une manière très originale et souvent poétique ce conflit meurtrier où beaucoup ont laissé leur vie et bien d’autres leur raison.