C’est l’histoire d’un soldat de la guerre 14 blessé sur les bords de Marne mais qui reste sur les bords de guerre par culpabilité et par solidarité avec ses compagnons d’infortune. On est en 1920, à la fin de la guerre, il a perdu une main, il ne peut plus piloter de tramway comme par le passé. On ne sait pas qui il est, c’est le soldat inconnu qui va mener des enquêtes pour retrouver des disparus à la demande des familles, à la fois par amour mais aussi pour percevoir une pension de guerre. Une mère d’un soldat est persuadée que son fils a survécu aux tranchées. Elle lui demande d’ouvrir une enquête. On découvre ainsi l’histoire de ce soldat poète, amoureux fou d’une jeune Alsacienne, donc en territoire allemand qui rêvent de construire ensemble leur vie en Amérique, loin des tracas. A travers les témoignages de ceux qui les ont connus, on poursuit leur histoire. Que sont-ils devenus, est-ce que l’amour a triomphé de l’horreur ? La jeune alsacienne est une jeune fille simple qui n’a pas de dote, elle n’est pas acceptée par la mère du soldat. Il y a un rejet de classe. Il y a aussi de la magie avec cette « fille de la lune » que tous les soldats aperçoivent sur le front au milieu des combats. Gilles Marchand traite souvent de personnages humbles, ceux de l’ombre, ceux qui sont moqués. Une écriture sensible et fine, on suit la piste de ce soldat qui mène à cet amour impossible. Mais surtout, le dernier poilu est mort en 2008 , il ne reste plus que la littérature pour faire état du conflit. Un livre court dont on a plaisir à tourner les pages