Je ne cacherai pas que c'est avec le ferme espoir de retrouver l'ambiance d'"Ivanhoé" que j'ai ouvert "Le talisman" ; espoir qui se doublait de la joie de découvrir une nouvelle pépite littéraire dépoussiérée par les excellentes éditions Libretto qui usent efficacement de ce don hérité des éditions Phébus.
Pourtant... sans que cette lecture ait tourné à la catastrophe, elle fut surtout dominée par un ennui croissant (d'ailleurs, ça se passe en Orient ! ok, je sors) car si la langue de Scott est superbe et fait mouche, le manque d'action et la surabondance de dialogues, bavards pour la plupart, ont eu sur moi l'effet d'un puissant narcotique.
On retrouve dans "Le talisman" la représentation sublimée du Moyen Age tel qu'il se concevait en Europe au début du XIXème siècle dans les milieux lettrés et artistiques, quand le courant romantique émergeait avec la force d'un geyser et amorçait un vrai tournant dans le monde littéraire, développant notamment le roman d'aventures, historique si possible. Et l'on peut dire que Sir Walter Scott est bien la parangon de cette tendance.
Le roi anglais Richard Cœur de Lion, qui possède à lui seul des épaules bien faites pour soutenir les légendes les plus enluminées, se trouve en Orient et mène la Croisade avec son armée pour reconquérir Jérusalem, alors sous la domination de Saladin, le plus grand guerrier musulman de tous les temps (elle sonne un peu comme le générique d'un dessin animé nippon, cette phrase...). Il n'est pas seul, notre roi Philippe-Auguste et plusieurs princes allemands et autrichiens se sont joints à lui pour écrire ce qui est sans doute le chapitre le moins glorieux du Christianisme.
Traversant le désert et évoluant parmi les grands de ce monde, Sir Kenneth est notre brave chevalier fort comme un léopard - dont il porte le symbole sur son écu - et loyal comme un preux. Malheureux en amour, cela va sans dire, courageux jusqu'au sacrifice et homme d'honneur jusqu'au bout des gantelets. Voilà, inutile d'en dire davantage, je pense que vous aurez compris l'idée générale.
Beaucoup de beaux et bons ingrédients dans ce roman, en plus de l'atmosphère mauresque bien retranscrite, de quoi faire un grand roman d'aventures mais comme je vous le disais en introduction, j'ai été frustrée de passer plus de temps à écouter palabrer le roi Richard - assez antipathique au demeurant - qu'à caracoler sur les dunes pour sauver une damoiselle en détresse.
Un rendez-vous partiellement manqué mais dont je suis heureuse d'avoir été jusqu'au bout car c'est bien à l'ultime chapitre que l'action s'anime ; et elle fut la récompense de ma persévérance.