C’est avec surprise que j’ai découvert que The Truman Show était adapté d’un roman, et encore plus d’un romand de Philip K. Dick. C’est donc avec intérêt que je me suis plongé dans la lecture de cette histoire. Et je dois admettre que j’ai une nouvelle fois passé un très bon moment, Dick étant l’un des rares qui réussit à traiter la perception que nous avons de la réalité, de la paranoïa et du malaise que cela peut créer, le tout dans un univers de SF. Bien sûr, Le Temps désarticulé a été écrit à la fin des années 50, donc dans un contexte très différent du film de Peter Weir, pourtant on y retrouve là les bases essentielles. J’irais même jusqu’à dire que l’univers développé par Dick est en quelque sorte plus terrifiant, plus névrosé.
Ce qui ressort surtout du texte, c’est qu’on suit le personnage de Ragle Gumm dans cet environnement qui semble presque trop idyllique, trop lisse. Son quotidien semble presque morne, ennuyant, et pourtant on se laisse porter par l’intrigue, car on sent que quelque chose cloche quelque part, d’autant plus qu’on suit les pensées du personnage qui commence à développer sa forme de paranoïa. Là où Dick excelle, c’est de nous disséminer les éléments pour instaurer le doute dans notre esprit petit à petit, et ce n’est que vers la fin qu’on aura le fin mot de l’histoire (même si on avait les grandes lignes). Surtout, l’auteur nous introduit chacun des personnages à des moments bien précis et pour des raisons bien précises, et chacun apportera un élément, augmentant ainsi le doute ou le malaise concernant le contexte.
La dernière partie s’accélérera, Ragel prenant ainsi la décision de partir et de percer le voile de sa paranoïa, et ce n’est que dans les toutes dernières pages qu’on prendre conscience de l’univers dans lequel il évolue, de tout ce qui se tramait réellement. Et si bien sûr on sentait venir un twist, celui-ci est parfaitement bien mené et nous laissera réfléchir un long moment sur ce qu’il implique, de toute la logistique qu’il a pu nécessiter au sein du récit. De quoi ravir les conspirationnistes en tout genre, mais avec Dick, ça s’inscrit profondément dans son univers et sa logique narratrice, et ça fonctionne à merveille. Sa conclusion sera d’ailleurs très bien dosée, sans être une happy end mais plutôt quelque chose de doux et amer.