Richard Power nous montre avec ce roman qui courre de 1939 à 2000 les difficultés qu’à l’Amérique à faire se concilier les peuples qui la composent, ainsi que les difficultés des membres d’une famille à s’entendre tant les chemins sont multiples. Il pose surtout avec brio le sujet du racisme, Noirs et blancs sont opposés, et si la blanche vaut deux noires sur le papier à musique, cela rend toute entente impossible quand la règle s’applique dans la société.
1939 fuyant l’Allemagne nazie, David Strom, physicien juif tombe amoureux de Dalia Daley, contre vents et marées, contre les interdits sociaux, familiaux, raciaux. Ils veulent être précurseurs, noirs ou blancs, leurs trois enfants choisiront ! La chose leur parait sûre, la musique leur permettra de se sublimer et de s’insérer, de choisir leur vie. Mais l’illusion ne tient qu’un temps car les enfants ne sont jamais que le produit de nous-même et sont fait pour affronter la vie et suivre leur propre destin.
En 33 chapitres nous suivons donc l’évolution de la famille Storm et Daley. Les thèmes sont passionnants, l’histoire de chaque personnage de la fratrie très riche, le père physicien juif, la mère à la voix exceptionnelle, le fils ainé chanteur trop blanc pour un noir, trop noir pour un blanc, le frère pianiste métis trop conciliant et la benjamine noire délaissée par ses frères et révoltée.
Le style est parfois magnifique mais parfois maniéré, lassant. Chaque paragraphe est traité par Richard Powers avec emphase, comme si tout méritait une envolée lyrique ou poétique, un mot bien senti et j’avoue que cela m’a finalement un peu agacé, j’étais pressé de finir.
J’aurais aimé qu’il taille plus dans la chair son texte. Texte qui propose pourtant des beaux moments, de fines analyses, et un regard sur les divergences de la société américaine que l’européen connait mais ne peut pas toujours percevoir avec autant d’exactitude.