C'est la première fois que je lisais James (je précise : en anglais, par ailleurs).
Il est vrai que le style et le propos ont quelque peu vieillit. Rares sont les adultes, aujourd'hui, qui prennent un malin plaisir à se raconter des histoires d'horreur autour d'un feu, comme on ne faisait à l'époque de l'écriture de cette "tale" (comme on appelle le format plus long qu'une nouvelle, plus court qu'un roman).
Le point de vue choisi est celui d'une gouvernante pas très éduquée (fille de pasteur, tout de même, à la soeur Bronte mais moins cultivée). C'est tout ce que l'on sait d'elle, ou presque. Elle raconte comment elle perçoit les deux enfants dont elle s'occupe, de véritables anges, dont elle découvre petit à petit qu'ils sont plus ou moins possédés. Là, il a quelque chose de "facile" pour des lecteurs habitués aux films d'horreur d'aujourd'hui. On n'arrive pas bien à saisir ce qu'il y a d'abominable dans les enfants, mais on sent la peur de la narratrice et cela suffit à créer une tension.
Sur la technique, tout est très maitrisé. De bout en bout on ne sait pas si la gouvernante imagine les visitations (serait-elle le véritable danger), ou si au contraire, les enfants sont effectivement possédés. Les fin de chapitres sont réussis, donnant envie d'aller toujours plus loin et de savoir ce qui va se passer.
Plusieurs thèmes relativement modernes, à savoir : les enfants peuvent être manipulés et manipulateurs, les gouvernantes ne sont pas toutes angéliques, les différences de classes créent des dysfonctionnements, les soubçons de pédophilie... On se sent une parenté étrange avec ses angoisses victoriennes !
Last but not least: comme je l'ai lu en anglais et que je vois que de nombreuses personnes se plaignent de la lourdeur du style, je précise qu'en VO ce n'est pas un problème. :)