J'ai aimé ma lecture du tour d'écrou mais je pense, en effet, que la réflexion que l'on mène a posteriori est plus intéressante que la lecture en elle même.
C'est donc un roman qu'il faut lire pour pouvoir en parler, car en parler est intéressant, alors que la lecture, sans être désagréable, l'est un peu moins.
J'avais lu le film Les innocents de Jack Clayton, mais heureusement il m'était complètement sorti de l'esprit et j'ai donc pu profiter de cette lecture. D'ailleurs ce livre est inadaptable à mon avis (même si les Innocents est un bon film) mais ne retranscrit pas vraiment l'esprit du roman.
Bref, le roman a quelque poncif. Notre héroïne ne cesse de hurler que quelque chose d'horrible qui l'a épouvanté s'est produit toutes les 10 pages. Et encore, je suis gentil. On ne comprend pas non plus bien sa timidité (pour ne pas employer un autre mot) à ne pas poser des questions simples qui pourraient permettre de simplifier sa situation : Pourquoi as-tu été renvoyé ? N'as-tu pas l'impression d'avoir vu quelqu'un ? Que s'est-il passé avant que j'arrive ?
Mais non, notre narratrice ne prendra jamais la peine de poser ces questions. Alors on se demande : est-ce parce qu'on ne peut pas lui faire confiance ? (quelle idée géniale, d'introduire un narrateur sur qui on peut mettre des doutes), est-ce un trait de sa personnalité ? Ou est-ce juste une autre époque, d'autres conventions ?
Car oui, au final, il ne se passe rien dans cette histoire finalement. Et pourtant il se passe tout (un enfant meurt). On peut douter de chaque passage. Des indices sont des deux côtés : les enfants ont l'air de jouer un jeu et de voir des fantômes. Mais l'héroïne elle même nous dit combien elle est impressionnée et terrifiée par cette batisse, dès qu'elle y pose les pieds. Les explications les plus simples pourraient se trouver à tout. Comme les plus surnaturelles. On peut y voir plein de choses (une relation pédophile entre l'ancien domestique et Miles) ou d'autres choses encore (est-ce le père de l'enfant ?).
Bref, ce récit est intéressant à commenter, à analyser. Il a quelques lourdeurs mais qui, d'une certaine façon, s'expliquent par le fait que nous n'avons pas le roman d'Henry James, mais le roman de notre narratrice en qui on ne peut pas totalement faire confiance, qui se laisse porter par ses émotions (horreur, scandale, dépravation à chaque page) et qui, du coup, nous laisse un objet intrigant et intéressant.