Renouveau dans le genre de l'horreur
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le 23 juil. 2020
J'avais décidé de donner un coup d'accélérateur à mon allemand, et de commencer à lire "dans le texte". Mon premier choix s'est donc arrêté, sur ce roman court d'Heinrich Böll, un auteur que ne je connaissais au deumeurant... Pas du tout.
C'est un livre poignant. On suit l'ultime voyage en train d'Andreas, à bord d'une locomotive qui doit l'emmener sur le front russe. Lors de ce périple, le jeune soldat réalise avec résignation qu'il vit ses dernières heures.
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On est alors embarqué dans le compte à rebours implacable qui le mène à une mort certaine. Nous plongeons dans la vie intérieure d'Andreas, entre prières ferventes et résignation. Au fil du voyage, différents personnages l'accompagne, le sous-officier barbu, le blond, et enfin l'espionne-prostituée polonaise. Tous on vus leurs espoirs, leurs projets terrassés par une guerre sans pitié. Tous ont vécus des traumatismes irréparables, qui semblent à la fois les hanter et les réduire à l'érrance. Le blond, camarade d'Andreas est brisé de l'intérieur, il convulse, ses paupières s'agitent de manière effrayante.
Le personnage d'Andreas, un jeune homme qui entame en fait à peine sa vie, touche et fend le coeur au lecteur. Son rêve d'être pianiste a été réduit à néant par l'irruption de la guerre, son obsession pour cette femme à peine appercue lors de la campagne de France touche le lecteur, et révèle les aspirations avortées d'un jeune homme qui n'aura en fait jamais le temps de connaître une femme.
Le train était à l'heure est un roman profondément pacifiste, qui humanise les soldats allemands, et révèle toute la cruauté et l'horreur subie par ces combattants dépassés par les évènement.
Dans la lignée d'Albert Camus en France, ce livre appuie l'absurdité à la fois ressentie par les personnages et objective de la situation. Andreas n'est pas animé par une haine viscérale de l'ennemi, il prie même pour les juifs des villes polonaises. Tous sont finalement malgré eux emportés dans le maelström destructeurs de la guerre, et essaient tant bien que mal d'y preserver une forme d'humanité, de ne pas sombrer dans la folie.
Ces petites traces d'humanité engagent encore plus le lecteur contre ce conflit déshumanisant. Les soldats gardent leur humour, lorsqu'ils font croire à un officier qu'Andréas est sourd pour éviter de partager leur wagon. Le rituel du bain leur permet de garder un peu de dignité et de prendre soin d'eux dans un monde au bord de la destruction.
Finalement c'est la flamme chancelante de l'espoir qui constitue la plus plus belle ode à l'humanité dans ce roman. Au contact de la jeune femme polonaise, Andreas recommence à croire, à aimer, à vivre. Lorsque le couple d'un soir commence à jouer du piano, le monde semble lui-même reprendre une texture des couleurs.
C'est aussi cet espoir qui rend ce livre si terrible. Inévitablement, le rouleau compresseur de la guerre va reprendre le dessus et rattraper les personnages. A la manière de l'Adieu aux armes, d'Hemingway, Böll nous rappelle que la situation est sans issue et que la guerre n'a pas de merci. Un petit livre, mais un grand appel à la paix.
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le 23 juil. 2020
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