Un chant du cygne. Ce furent d’abord, -ainsi j’ai lu ainsi je raconte-, un tramway, quelques mines patibulaires autour d’un watman, personnage mystérieux exécutant le rituel d’un transport de ligne menant bon tram les passagers de la ville à la mer, ou vice versa, mais surtout un enfant au cœur du récit, spectre innocent émanant du bilan d’une vie longue et intense.
Ce furent ensuite, -ainsi j’ai compris ainsi je raconte-, la figure maternelle prédominante et tant aimée, les couloirs froids d’un hôpital comme dernier rails de vie, la maison d’enfance, Thérèse la domestique, le tennis, l’inquiétude, la nonchalance, la tristesse et les petits bonheurs.
Ce furent enfin, -ainsi s’acheva le livre, ainsi je raconte-, un homme qui ne veut renoncer à la vie et qui s’assure qu’elle fut dense, sous son anodine quotidienneté, sorte de flambeau qu’il passe quand il se fait spectateur de la vie des autres, plus encore en rédigeant ce court roman.
D’aucuns s’extasieront de ces phrases à l’infini, entrecoupées d’incursions digressives, faisant perdre le fil du récit puisqu’elles sont le fil de la vie. Ou encore de cette mécanique de mots qui, une fois assemblés, donnent une impression de mouvement, de réel. « Le tramway », et c’est une constante chez Claude Simon l’un des chantres du nouveau roman, est palpable, vivant, imagé.
Mais moi, la stylisation ne m’impressionne pas, et si je suis heureux d’avoir terminé ce roman, je n’en garderai qu’un souvenir contrarié. Contrarié car il aura fallu trois tentatives pour l’achever, contrarié car je ne prise guère le côté mécanique et presque glacial de l’ensemble. Bien plus qu’un roman de vie, « Le Tramway » est un roman de mort. Et moi je poursuivrais avec d’autres lectures d’auteurs qui sont plus dans l’éveil. (*)
(*) pardon à Aloysius Bertrand pour avoir emprunté la forme littéraire de son poème « Un rêve »