Faits historiques, effet légendaire... ou faits légendaires, effets historiques ?
On se présente face au Vaisseau ardent un peu comme un enfant devant un énorme gâteau : son gigantisme fait briller les yeux, et on aimerait pouvoir le dévorer avidement en un instant ! Il faut dire que le mastodonte a de quoi attirer les lectivores les plus atteints : une couverture accrocheuse, 1280 pages pour 1.6 kg, et un thème toujours porteur : des pirates et des trésors !
Dès les premières bouchées, on savoure l'histoire que nous propose JC Marguerite ; en quelques pages, on s'incarne en un enfant grandissant sur les rives de l'Adriatique dans les années 50, buvant goulument les récits d'aventures racontés par un vieil Ivrogne au clair de lune. Passionnant récit aux multiples ramifications, dans lequel on s'immerge sans retenue. Et s'il est vrai qu'on frisera parfois l'indigestion tellement les détours sont nombreux, s'il est vrai qu'on aura parfois la sensation que notre cerveau est trop petit pour avaler une telle histoire dans sa globalité, notre patience sera au bout du compte récompensée quand l'auteur rassemblera les éléments d'intrigue qu'il avait semés pendant près de 1000 pages, pour nous présenter son puzzle final étonnant.
On pourra peut-être rester un peu perplexe devant l'évolution de l'intrigue dans les derniers chapitres ; l'absence d'explication sur certains faits, si elle a sa part de charme, pourra également frustrer. Le Vaisseau ardent n'en demeure pas moins un roman hors-norme, grisant.
La rencontre du genre avec le fantastique avait déjà récemment accouché d'un monument, avec "le déchronologue" de Beauverger ; JC Marguerite récidive et prouve à son tour que ce mariage a vraiment du bon.