On trouve dans le roman ce passage : « La mythologie décheyait en histoire naturelle » (II, p. 208), qui représente assez bien le Veilleur du jour : une histoire de mythologie en perdition, et le verbe déchoir à l’imparfait… Le style de Jacques Abeille, dentellière brodant autour de motifs thématiquement surpuissants, se déploie encore plus dans ce deuxième volume du Cycle des contrées qui, plus urbain que le premier, poursuit l’exploration du même univers solennel et archaïque.
Pour être honnête, je ne suis pas spécialement friand de ce style dans lequel la grammaire finit par ressembler à de l’acrobatie, à plus forte raison quand il s’étend sur quelque cinq cents pages et qu’on trouve dans la bouche des personnages des sentences telles que « Ceux qui ne savent pas oublier sont fous ou le deviennent. » (Zoé, I, p. 100). Mais il faut admettre qu’on trouve qu’on trouve dans le Veilleur du jour une générosité et une ambition bienvenues.