À la fin de La Défense Lincoln, dernier thriller de Michael Connelly, Mickey Haller, salaud d'avocat-prédateur-rongeur de fric parfois (quand même) traversé par quelques scrupules, entrait en scène, avant d'être gravement blessé. C'est donc dans un sale état qu'on le retrouve au début du Verdict du plomb. Alors qu'il croit avoir trouvé en Elliot - magnat du cinéma accusé d'avoir éliminé sa femme et son amant - le gros poisson bien juteux qu'il attend depuis toujours, Haller découvre qu'il est le prochain sur la liste de l'assassin de Jerry Vincent, son ex-patron (et dont il s'est naturellement empressé de prendre la place).
Excellent Connelly. S’il fait se rencontrer l’inspecteur Harry Bosch et l’avocat Mickey Haller, ses deux personnages de précédents romans, ce n’est pas par hasard. D’abord parce que tous les deux se complètent, ils habitent deux versants de Los Angeles et sont les deux protagonistes du système judiciaire américain : celui qui enquête et celui qui défend son client. Mais aussi parce que ces deux hommes sont « le pile et face de la même montagne » (p.513) et que l’on apprend à ce stade pourquoi. Je ne vous le dirai pas, mais c’est une surprise de taille !
Avec cela et l'évolution plutôt molle des différentes enquêtes, nous avançons de façon assez pépère jusqu'au procès Elliot. C'est la loi du genre procedural, qui s'accommode surtout de révélations, coups de théâtre et retournements de situation à la dernière minute, mais c'est justement ce rythme que Connelly avait réussi à bousculer dans La défense Lincoln, grâce à la lucidité cynique de son héros. Ici, il faut attendre la phase de sélection du jury (dernier quart du roman) pour retrouver, en partie, le souffle et l'esprit critique qui animait l'opus précédent.
La brutale accélération finale – avec sa cascade de mensonges, de manipulations et de jeu de dupes en miroir – est rondement menée par Connelly qui résout ainsi toutes les affaires en cours [3]. Certains lecteurs pourront estimer artificielle cette fin surprenante et tortueuse à souhait, jugeant qu'elle arrive un peu tard, est insuffisante à sauver totalement un ensemble moyen et déséquilibré et où la médiocre présence de Bosch reste difficilement compréhensible..