L'autrice Elisa Shua Dusapin est née en France dans le Périgord d'un père français et d'une mère Sud-Coréenne.
Sa position entre deux cultures, deux langues lui permet d'aborder son propre langage, celui de l'unique comme en décalage.
Son dernier livre : "Le vieil incendie" aborde avec retenue, sincérité et tendresse les retrouvailles de deux soeurs.
Son style épuré plutôt fait de silences que de mots tranchants privilégie l'expression des cinq sens, on comprendra pourquoi au fil de la lecture.
Deux soeurs, Agathe et Véra, perdues de vue depuis 15 ans se rejoignent dans le Périgord pour vider la maison de leur père décédé.
Cette maison en piteux état est le lieu de leur enfance, de leurs souvenirs.
Agathe, l'aînée, scénariste exilée à New-York , manie les mots mais semble bien dépourvue dans sa vie, fatiguée du bruit du nouveau monde.
Véra, aphasique depuis l'âge de six ans semble surmonter son handicap, trouve sa place et son indépendance.
Leur proximité fait renaître des émotions enfuies, étranges.
Ce roman se déroule sur 9 jours, le temps de se réapproprier leur passé, leur lien de soeurs particulier.
Elles se retrouvent dans cette région du Périgord, faite de grottes, berceaux de l'humanité.
Un terreau sauvage, organique, une nature dense et chatoyante.
Intimité, banalité du quotidien, interpellant, fait de gestes, de signes, d'approches feutrées ou bouleversantes.
Une écriture à l'os délicate.