Le mal français

Ouvrage économique d'orientation libérale qui analyse selon cette grille de lecture la période charnière des années 70 où la France a décroché au niveau économique.

Le choc pétrolier de 1974 eut l'effet d'un séisme pour les pays de l'OCDE qui adaptèrent le modèle de leur welfare state pour répondre aux défis d'une économie mondialisée. Tous sauf un, la France.

Le développement spectaculaire des pays en voie de développement conjugué à la mondialisation des économies nécessitèrent en effet que les entreprises des pays riches devinssent toujours plus compétitives. Pour nos partenaires européens, cela se traduisit principalement par des coupes dans les charges sociales et un allègement des charges fiscales des entreprises.

Mais les particularités françaises (longue tradition de dirigisme économique par une élite de serviteurs de l'état, mercantilisme et protectionnisme colbertisme, naissance de l'Etat-providence sur les ruines de la guerre et dont le financement fut imposée aux entreprises collaborationnistes comme punition, imprégnation des idéaux socialistes et marxiste structurant la vie économique par le rapport de force entre le salariat et le patronat) contraignirent la France à emprunter une autre voie.
La France aurait dû monter en gamme ses industries pour rester compétitive sans avoir recours à un dumping social et à une baisse des salaires; les dirigeants politiques préfèrent des solutions plus court-termistes et peu courageuses pour relancer la croissance à court-terme, par une politique de stimulation de la demande. Ce choix politique désastreux engrangea un cercle vicieux de désindustrialisation, accroissement du déficit commercial extérieur, chômage, accroissement des dépenses publiques pour pallier le manque de compétitivité des entreprises qui durent supporter bien plus que leurs consoeurs européennes et américains le poids de l'Etat-providence .

Des réformes énergiques mais aussi plus impopulaires à court-terme auraient pu relancer à long terme l'économie française et enrayer la désindustrialisation catastrophique de notre pays. Les dernières pages du livre invitent tout de même à une note d'espoir, à savoir que les mentalités peuvent toujours changer et que des réformes sont toujours possibles dans une démocratie comme la France.

En somme c'est un livre très intéressant même s'il faut sans doute avoir en tête le parti-pris évidemment libéral de ses auteurs. A cet égard on peut critiquer le fait que sont passés sous silence les dégâts des politiques néo-libérales anglo-saxonnes des années 1980, qui certes relancèrent la croissance, mais au prix de fractures sociales et de dégâts humains qui ne se comptent pas qu'en points de PIB.