Un ornithologue suisse est trouvé mort d’une crise cardiaque… dans un nid de cigognes. Malgré cette disparition, Louis, l’étudiant qu’il avait engagé, décide d’assumer seul la mission prévue : suivre la migration des cigognes jusqu’en Afrique, afin de découvrir pourquoi nombre d’entre elles ont disparu durant la saison précédente…
Parmi les Tsiganes de Bulgarie, dans les territoires occupés par Israël, puis en Afrique, Louis court d’énigme en énigme et d’horreur en horreur : observateurs d’oiseaux massacrés, cadavres d’enfants mutilés dans un laboratoire… Les souvenirs confus de son propre passé – ses mains portent des cicatrices de brûlures depuis un mystérieux accident – se mêlent bientôt à l’enquête. Et c’est au cœur de l’Inde, à Calcutta, que surgira l’effroyable vérité…
C’est ainsi que la quatrième de couverture présente ce roman écrit à la première personne qui donne la parole à Louis Antioche, jeune homme brillant et héros malgré lui de ce road movie ornithologique et sanglant. L’écriture de Jean-Christophe Grangé est nerveuse, mais de ce qu’il m’en souvienne moins sombre que dans Les rivières pourpres. Il lui faut très peu de temps pour camper l’intrigue. Le premier chapitre nous permet d’assister à la découverte de Böhm l’ornithologue. Le suivant nous présente la vie de Louis Antioche qui, pour avoir survécu au terrible incendie qui tua ses parents et son frère, fut recueilli par un couple d’anciens diplomates qui l’élevèrent comme leur propre fils, lui permettant de poursuivre ses études et le dispensant de se préoccuper des soucis pécuniaires. De même, ces sont eux qui l’envoyèrent à la rencontre de Böhm pour que ce dernier lui confie la mission de découvrir les causes de la mystérieuse disparition des cigognes. Enfin, le troisième chapitre nous fait assister aux résultats de l’autopsie qui, tout en nous présentant une mort somme toute des plus naturelles, n’est pas sans présenter une petite relance de suspense. C’est d’ailleurs lors de ce chapitre que Louis rencontrera les services de police pour la première fois au travers de l’inspecteur Dumaz, un homme de son âge qui n’a pas bénéficié des mêmes atouts dans sa vie. Quand on sait que le chapitrage est relativement court, on ne peut que se réjouir du rythme qui nous est proposé et espérer que notre instinct de lecteur ne sera pas trahi par la suite.
Mais il n’en est rien. En effet, c’est une double enquête qui commence alors avec à la fois la mystérieuse disparition des cigognes et les trous qui existent dans la vie de Böhm qu’il convient de résoudre. Depuis la Suisse, Dumaz essaye d’enquêter sur Böhm tandis que Louis va d’abord traverser l’Europe de l’Est, puis le Proche-Orient pour enfin arriver en Afrique. Le parcours de Louis ne sera pas de tout repos. Des ornithologues tués de façon atroce, une association humanitaire de médecins qui semble présente aux mauvais endroits aux mauvais moments, des tueurs qui se lancent à ses trousses et voilà que l’aventure prend une toute autre tournure. Et ce n’est encore rien à côté de ce que Louis va devoir exhumer de ses souvenirs, ceux du drame qui jadis le rendit orphelin. Il n’est peut-être pas si étranger à tout cela, au bout du compte. Alors trafic d’or, de pierres précieuses ou d’organes, à moins qu’il ne s’agisse de tout autre chose, que peut bien se cacher derrière la disparition des cigognes ?
Le suspense est dense et le rythme est haletant, même s’il y a une baisse constante à partir de la fin du premier tiers de l’ouvrage. Tout ce qu’on peut attendre d’un thriller est cependant bien présent dans ce roman. Avec en plus des connaissances et un humanisme intéressant. Nous découvrirons toute une galerie de personnages hauts en couleurs et de gens qui vivent des histoires si loin de la nôtre. Des Roms qui ont toujours été bafoués dans leurs droits, des habitants des territoires occupés qui tentent le rêve amer du kibboutz, des pygmées et des missionnaires. Et puis il y a toutes ces connaissances ornithologiques qui nous arrivent avec délice et qui donnent une épaisseur supplémentaire à ce beau thriller. Une honnête histoire qui bénéficie d’une grande originalité.