Encore du Luke Sharp ! Bon, c'est la faute à Gallimard, en fait : en VO, trois tomes séparent l'Élu des Six Clans de ce Volcan de Zamarra. Reste que lire coup sur coup ces deux livres permet de constater de manière frappante les progrès qu'un auteur peut faire au fur et à mesure qu'il accumule de l'expérience.
L'idée de départ est moins originale que celle de l'Élu des Six Clans : simple soldat piégé dans une citadelle assiégée, le héros est envoyé dans une mission plus ou moins suicidaire pour anéantir les forces ennemies à l'aide d'un antique artéfact. Même si je ne l'ai pas encore lu, je sais que le coup de la ville assiégée, on l'avait déjà dans l'Empire des Hommes-Lézards. Cela dit, et même si les ennemis sont dirigés par un Grand Méchant Sorcier™, ça reste au-dessus de la moyenne en termes d'imagination.
Toutes les marques de fabrique de Luke Sharp sont au rendez-vous : c'est une aventure très peu linéaire, avec beaucoup de mini-jeux et des épreuves aux dés mortelles chiantes. Ce qui change, c'est tout simplement le degré de maîtrise de l'auteur. Bien qu'on trouve encore çà et là quelques transitions un peu brutales d'une péripétie à une autre, le flot de l'intrigue est moins saccadé que dans l'Élu des Six Clans ou les Gouffres de la Cruauté, deux bouquins qui ballottaient le héros dans tous les sens, parfois sans rime ni raison. La première partie du livre, où il s'agit de franchir les lignes ennemies, est à ce titre particulièrement bien menée. Les mini-jeux sont moins nombreux et mieux répartis : qu'il s'agisse des cubes blancs à repérer dans les illustrations (par ailleurs assez quelconques, dommage) ou de l'alphabet des hommes dansants à déchiffrer, on les retrouve comme des fils rouges tout au long du récit, ce qui contribue également à la cohésion de l'ensemble. Comme l'Élu des Six Clans, ce livre est une course contre la montre, puisqu'il faut accomplir la mission avant que les remparts de Zamarra ne soient tous tombés, mais la tension est plus palpable, peut-être grâce au style, nettement moins laconique que ce à quoi Sharp nous avait habitué (il faut que je vérifie s'il faut remercier le traducteur, comme cela a déjà pu être le cas ici ou là).
C'est ici que nous prenons congé de Luke Sharp, ou plutôt Alkis Alkiviades, puisque lui aussi écrivait sous pseudonyme. Ses débuts n'étaient guère prometteurs, mais il a su s'améliorer de livre en livre (d'autres auteurs plus célèbres pourraient en prendre de la graine, vous savez, ceux dont le nom commence par L et finit par ivingstone) jusqu'à ce Volcan de Zamarra qui, sans être l'un des meilleurs Défis Fantastiques jamais écrits, constitue néanmoins une lecture très plaisante. Toute collection qui se respecte devrait lui faire une petite place.