A l'heure où la République en Marche cherche à mieux comprendre le peuple j'ai réussi à lui dégotter un maître à penser trop méconnu: Georges Darien. Son roman anarchiste le Voleur paru en 1897 est plus subversif que le film éponyme. Et là, le mot subversif est faible. Darien préconise le vol du bourgeois comme moyen de lutter contre le système. Est-ce par compassion qu'il fait cela ? Lisez plutôt cet extrait de son livre La Belle France.
Je n'aime pas les pauvres. Leur existence, qu'ils acceptent, qu'ils chérissent, me déplaît; leur résignation me dégoûte», continue Darien, qui poursuit en affirmant que cette résignation le dégoûte à tel point que c'est, croit-il, «l'antipathie, la répugnance, qu'ils [lui] inspirent, qui [l]'a fait révolutionnaire. Je voudrais voir l'abolition, continue-t-il, de la souffrance humaine afin de n'être plus obligé de contempler le repoussant spectacle qu'elle présente. Je ferais beaucoup pour cela. Je ne sais pas si j'irais jusqu'à sacrifier ma peau; mais je sacrifierais sans hésitation celle d'un grand nombre de mes contemporains. Qu'on ne se récrie pas. La férocité est beaucoup plus rare que le dévouement
Alors le socialisme ou le communisme sont-ils des solutions ?
Ces doctrines ne sont pas seulement imbéciles; elles sont infâmes. Si elles étaient réalisables, elles mèneraient directement, ainsi que l'a démontré Herbert Spencer, à une nouvelle forme d'esclavage, plus hideuse que toutes celles qui firent jusqu'ici gémir l'humanité. En réalité, elles sont trop ineptes pour mener jamais à rien, sinon à l'abrutissement d'une partie de la population, à la constitution de troupeaux veules et d'esprit obtus, qui n'ont en fait d'idée que la seule croyance irraisonnée dans des réformes dérisoires et dont l'unique souci est le respect maladif de la légalité» (p. 286)
En plus c'était un ami de l'illisible André Breton.
Avec une pareille violence c'est pas plus mal que Georges Darien reste méconnu.