L'auteur de cet ouvrage René Rémond se contente d'une transcription à la fois chronologique et thématique de ce court XXe siècle. Dès le début du livre par sa méthodologie universitaire R. Rémond explique la délimitation de ce siècle, ainsi circonscrite par datation en rapport aux grands événements conflictuels des Première et Seconde Guerres mondiales. L'auteur se permet toutefois de critiquer ce type de méthodologie beaucoup centrée selon lui sur l'aspect militariste de l'Histoire. Ce centrage vers ces conflictualités importantes est justifié par l'ampleur géographique, social, historique et politique des différentes campagnes militaires menées tout au long de cette période avec des conséquences et des bouleversements économiques et humains bien souvent dramatiques qui ont appelé à une remise en question du genre humain et des son aspiration à un avenir meilleur.
Cette rétrospective historique fait également de l'introspection territoriale à travers les grandes régions du Monde qui ont occupé l'actualité au cours de ces dernières années, et ce au moyen d'explications socio-économiques et culturelles qui permettent de comprendre les grandes problématiques géostratégiques inscrites dans de véritables viviers civilisationnels que sont le proche et le moyen-orient, l'ex-URSS, l'Europe occidentale ou encore l'Asie orientale. Ce traitement intellectuel pragmatique de l'historicité de ce siècle permet de dépasser les considérations guerrières et violentes trop souvent prêtées à cette période. Les événements politiques liés aux pactes et aux alliances diplomatiques et aux accords commerciaux des années 1970 et 1980, montrent une façade beaucoup plus nuancée de cette analyse. Le Monde s'apprête à accéder à une paix chronique marquée par les différentes constitutions de l'Union européenne et la chute de Mur de Berlin.
En outre l'auteur opte pour un raisonnement dont la grille de lecture prend au fur et à mesure des pages une analyse inter-civilisationnelle plus que géographique. Il dresse alors une hiérarchisation entre plusieurs ensembles régionaux plus ou moins évolués ou en avance sur leur temps. Dans cette lecture comparative et historique il met au point, au moins textuellement à défaut d'avoir élaboré par souci d'ergonomie un graphique clair, des courbes d'évolution et de progrès qu'auraient caractérisées ces civilisations au cours de leur chronologie et dont les événements politiques, culturels et religieux se seraient traduits par des facteurs de dégénérescences, ou à l'inverse d'amélioration techno-scientifique majeure.
On pourra aussi préciser que l'auteur évoque la contraction de l'espace-temps et le rétrécissement du Monde. Cette théorie est doublement erronée.
D'une part, même si la Révolution des transports, caractéristique du XXe siècle a contribué à "rapprocher" les peuples, elle n'a aucunement accéléré le temps de façon uniforme à l'échelle mondiale. Si certains espaces régionaux ont considérablement accéléré leurs échanges (Amérique du Nord, Europe), d'autres territoires continentaux ont été relégués au second plan en raison d'une industrie manufacturière peu suffisante et des moyens de communication très peu développés.
D'autre part, Il n'y a pas du tout de rétrécissement du Monde car la planète reste une entité géographique bien réelle et suffisamment matérialisée qui nécessite pour s'en affranchir des outils de haute technologie et d'infrastructure très coûteux que tous les pays ne peuvent pas se payer.
Enfin, dire que les moyens de contracter un crédit pour le redressement structurel imposé par le FMI et la Banque mondiale est une étape obligatoire et nécessaire pour le développement des pays pauvres, est tout simplement une imposture intellectuelle. Sans entrer dans le sujet je vous renvoie au livre de Joseph Stiglitz (La Grande Désillusion) qui explique preuve à l'appui, que les mesurent proposées par le FMI et la Banque mondiale contribuent par des procédures de restructuration contre productive et handicapante pour l'économie, à aggraver le montant de la dette des pays sous développés et diminuent leur capacité de remboursement à long terme en sacrifiant leur base de production industrielle.
Un livre très moyen donc, mais tout de même assez exhaustive pour s'en intéresser selon votre parti pris idéologique.