Ce livre est un dialogue continu, engagé entre Eisenstein chez qui l'on voit un plaisir d'enseigner et ses étudiants du VGIK au cours des années 1930. Mais au-delà de ses étudiants, l'œuvre s'adresse bien sûr à nous, le lecteur. Dès les premières pages, nous sommes concernés par les questions de représentation et par l'Art complexe qu'est la mise en scène. Pour enseigner ses "leçons", Eisenstein se base sur des œuvres littéraires reconnus comme Le Père Goriot ou Crime et châtiment. Tout y est traité : de la conception même de la mise en scène, notamment à travers l'exemple d'un conflit concernant la forme d'une table, jusqu'au découpage filmique en plans d'une scène, en passant par la détermination du déplacement d'un acteur. De même, le cinéaste a l'occasion de faire sa différence entre la mise en scène théâtrale et celle cinématographique avec pour appui le traitement d'une scène via l'utilisation du premier plan et de l'arrière plan dans un cadre posé. Pendant ces cours, tout formalisme est proscrit face à l'exigence du cinéaste soviétique.


À travers des échanges parfois brillants illustrés par des schémas utiles, Eisenstein étonne de par son investissement et sa géniale spontanéité (peut-être parfois un peu trop exagéré par l'auteur, un des élèves du cinéaste). Mais derrière cette spontanéité, on apprend que S.M Eisenstein est bien plus investi dans son métier de professeur que l'on pourrait le croire, métier qu'il a exercé pendant plus d'une dizaine d'années jusqu'à la fin de ses jours. Un engagement donc.


De mon côté, à la fin de cette lecture, comme à celle de La Dramaturgie, une envie de pratique s'est ressentie. Je dirais même qu'il me vient un certain désir d'étudier puis petit à petit de faire de la mise en scène. Les paroles d'Eisenstein et celles de ses élèves dépassent leur époque et également leur amphithéâtre moscovite pour le plus grand plaisir du lecteur !



[...] ne pensez pas que ce soit une recette miracle : il n'y a pas de truc, mais seulement l'examen d'un cas concret. Pensez toujours, lorsque vous êtes sur le point d'en arriver à utiliser des solutions toutes prêtes, que c'est ainsi que meurt l'art.


Irénée_B__Markovic
9

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le 26 déc. 2015

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Ikarovic

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