Norilsk... Vous connaissez ? Non ? Normal...
Norilsk, la ville de 200 000 âmes, perdue au-delà du cercle polaire arctique.
Norilsk, la ville fermée, accessible sur visa du FSB, uniquement par avion et bateau.
Norilsk, l'une des villes les plus polluées du monde, qui pollue à elle seule autant que la France entière... Et dont les rares baies sauvages doivent être bouillies avant d'être consommées à cause des métaux lourds.
Norilsk, où l'amplitude thermique atteint 100 °C : jusqu'à -65 °C l'hiver et 30 °C quelques jours en été...
Norilsk, la ville où votre voiture peut geler et devenir inutilisable si ses composants ne sont pas adaptés.
Norilsk, la ville où il neige 2 jours sur 3, jusqu'à 10 tonnes de neige par an et par habitant.
Norilsk, la ville où le blizzard de plus de 100 km/h peut souffler plus de 100 jours par an, et atteindre des vitesses impossibles.
Norilsk, la ville où il n'y a plus rien, plus de végétations sur des dizaines de milliers d'ha à cause des pluies acides.
Norilsk, la ville où à 30 ans, vous en paraissez 50, et la durée de vie atteint à peine les 60 ans.
Norilsk, le plus gros gisement de Nickel, exploité par les oligarques russes qui n'oublient pas de se servir au passage.
Norilsk, le pays des centaines de milliers de rennes sauvages que les Nenets, les Inuits locaux, tentent d'exploiter.
Norilsk, la ville de l'ancien Goulag qui enterra des milliers de pauvres hères, gelés au bout du monde.
Norilsk, la ville perdue en Sibérie, loin de toute humanité, la ville de tous les pires superlatifs.
Je pourrais poursuivre cette liste dantesque...
Norilsk est la véritable héroïne de ce roman hors tout, dont l'enquête conduite par Boris, muté pour être oublié, emprisonné à l'air libre, n'a finalement pas tant d'importance.
On s'imprègne des conditions hors normes de ces personnages atypiques, Gleb, Lena, Nikita, Dasha, et de leurs tourments. On compatit à leur vie désincarnée qui avance au ralenti, envahie par la Vodka et la drogue, par ces soirées lasses dans des bars oubliés diffusant du AC/DC, parce qu'il n'y a que ça qui fonctionne...
On ferme la dernière page en se disant que l'enfer gelé n'a rien d'attirant et je comprends que Caryl Ferey ait été réticent d'aller découvrir ce nulle part... !
Bel ouvrage très différent des autres romans de cet auteur que je ne connaissais pas vraiment.
A lire pour vous faire une idée sur un monde perdu, cette sorte de Blade Runner d'aujourd'hui.
Vous ne le regretterez pas...