Lennon
7
Lennon

livre de David Foenkinos (2010)

Je suis bête, j'ai lu rapidement la quatrième de couverture et je croyais que ce serait une biographie. En réalité c'est une biographie romancée présentée sous la forme de dix-huit séances de psychothérapie que John Lennon aurait effectuées entre le 21 septembre 1975 et le 7 décembre 1980, veille de son assassinat.


Ce livre a longtemps dormi dans ma bibliothèque (comme beaucoup trop d'autres), mais la vidéo récente de Lindsay Ellis m'a réintéressé un peu aux Beatles, un groupe qui a fait mon éveil musical dans mon adolescence mais que je trouve aujourd'hui assez cucul.


En réalité, le postulat de départ de séances de psychothérapie n'est qu'un prétexte. Si de temps en temps le narrateur/Lennon fictif apostrophe celle qui l'écoute, les dix-huit chapitres constituent globalement un déroulé chronologique de la vie de Lennon. Celui qui parle ne cherche pas à cacher des choses à sa thérapeute, et ne se pose pas vraiment la question de savoir pourquoi il entame cette démarche (sauf dans le chapitre qui évoque la mort de sa mère). Le contrat n'est pas vraiment rempli d'un point de vue littéraire. On a plutôt ce qui serait une longue interview autobiographique de Lennon, découpée en dix-huit chapitres.


Donc voilà, pas grand-chose à chercher au niveau littéraire. Après le livre vous plaira peut-être si vous avez juste envie de vous replonger dans un parcours dont on connaît cependant bien les étapes : les années glauques à Liverpool, le dépucelage à jouer dans les rues de Hamburg, la rencontre avec Epstein qui produit leur premier album, la Beatlamania, la rencontre avec Dylan et la drogue, la renonciation aux concerts au profit d'abums studios, le trip indien, la mort d'Epstein et le début des dissensions au sein du groupe jusqu'à l'éclatement, la rencontre de John avec Yoko, leurs initiatives fantasques (bed-in for peace), Imagine, la paternité et le retrait du showbiz.

On notera quelques oubliés qui auraient pu être mentionnés (merci Lindsay Ellis), comme le rôle important de Yoko Ono dans les paroles d'Imagine, ou encore leur album commun peu avant l'assassinat de John.

Foekinos essaie de sonder la personnalité de John Lennon, personne qui pouvait être d'une grande violence, physique ou morale (un faux pacifiste si vous me demandez mon avis). Mais son récit s'attarde de manière assez puérile sur la transgression. Je n'avais pas besoin d'imaginer les jeunes Beatles faire des concours de branlette sur Brigitte Bardot ou assister au dépucelage de Paul McCartney, vraiment je m'en fous. Je ne crois pas qu'un patient le raconterait de manière aussi crue et désinhibée à son thérapiste : il irait davantage dans le trop, ou au contraire minimiserait. On insiste aussi beaucoup sur la drogue, la pisse, le sexe. Franchement, des fois je trouve que c'est juste faire crado pour faire crado, genre choquer le bourgeois.


Bref, si le contenu du livre ne le rend pas désagréable, je n'ai pas été convaincu par sa situation d'énonciation, qui relève surtout du prétexte. Il aurait fallu être Samuel Beckett pour réussir cela.

zardoz6704
6
Écrit par

Créée

le 6 août 2024

Modifiée

le 11 août 2024

Critique lue 5 fois

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Lennon

Lennon
jimbomaniac
8

Pari fou .....et reussi

C 'est un petit livre incroyable et étonnant David Foenkinos formidable auteur de 'la délicatesse ' tente ( et reussit) un pari fou et insensé écrire sur Lennon comme si il était Lennon...

le 19 mai 2017

1 j'aime

Lennon
zemoko
8

All you need is love

Je ne m'étais jamais vraiment intéressé à John Lennon... Certes, comme beaucoup, j'apprécie les chansons des Beattes mais ça n'a jamais été plus loin que cela... Et pourtant, la 4ème de couverture a...

le 8 déc. 2014

1 j'aime

Lennon
zardoz6704
6

Moui

Je suis bête, j'ai lu rapidement la quatrième de couverture et je croyais que ce serait une biographie. En réalité c'est une biographie romancée présentée sous la forme de dix-huit séances de...

le 6 août 2024

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

42 j'aime

6