Bon, quand je me suis lancé dans ce livre, j'avais envie de découvrir un auteur dont on parle parfois sans jamais l'avoir lu, et voir un peu ce dont le "divin marquis" était l'auteur.
Je savais que je m'engageais dans quelque chose qu'on a pu qualifier de gore, violent, trash, pornographique. Je le savais, donc je l'ai accepté, parce que je voulais voir ce qui, au-delà de cet aspect là des chose, avait pu tailler une réputation ayant permis au marquis de Sade de traverser les siècles avec une telle aura jusqu'à nous.
Et bien, après avoir lu les 120 journées de Sodome, j'avoue ne pas vraiment comprendre.
On résume : 4 personnages avec des goûts sexuels et des plaisirs qu'on pourra qualifier de pervers décident d'enlever toute une cour qu'ils enferment avec eux dans un château complètement isolé. Parmi toutes ces personnes, 4 vieilles sont engagées afin de faire le récit de leurs vies, durant un mois tour à tour (d'où les 120 journées) en incluant chacune 150 "passions" perverses qu'elles ont vécue.
Entre temps, les 4 "pervers" s'adonnent à tout un tas de pratiques sexuelles la plupart du temps sur des enfants, en s'interdisant les pratiques qui n'ont pas encore été citées par les 4 vieilles.
Voilà pour le pitch.
Et ça donne quoi?
Et bien une succession de description du type "le Duc met son sexe dans la bouche de Zélamir" ou encore "Le président se fait péter dans la bouche par Sophie".
C'est affreusement répétitif, tous les jours décrits se ressemblent (et les 120 jours sont contés, enfin presque, voir plus loin dans ma critique) sans aucune originalité. Pendant des pages et des pages, ce sont les mêmes pratiques sexuelles sans arrêt répétées, jusqu'à ce qu'une vieille introduise une nouvelle pratique, et c'est parti pour 20 nouvelles pages de redites.
Les pratiques, parlons-en. Au départ, c'est plutôt urophile. Ensuite, on a droit à des types qui adorent se faire baver/péter/vomir dans la bouche. On glisse après (sans mauvais jeu de mot) dans la scatophilie et la coprophagie. Puis c'est la torture (ah mais pas n'importe comment hein, on ne fait pas que fouetter, on fouette avec des bâtons qu'on a trempé dans un mélange de pisse et de merde qui a macéré une semaine).
Sauf que bien sûr, ça n'est pas aussi fluide que ça. Pourquoi? Parce qu'on nous explique dès le départ que, tout comme les 4 protagonistes s'interdisent certaines pratiques sur les enfants tant que les 4 vieilles ne les ont pas citées, on ne pourra pas les lires nous non plus tant qu'elles n'auront pas été abordées "officiellement".
Du coup, ça donne des passages (répétitifs, faut-il encore le... répéter?) "le Duc frotte son sexe entre les cuisses d'Adonis puis lui fait un traitement que l'ordre de notre texte ne permet pas encore de dévoiler. Nous pourrons simplement dire à notre lecteur que le pauvre petit fut autorisé à aller se coucher immédiatement suite à ces mauvaises aventures".
Ah bin d'accord. Déjà que tout ça n'a pas grand intérêt, si en plus on coupe sans arrêt des passages...
Enfin bon, quand finalement on arrive au dévoilement des passions les plus tardives, on se demande si on n'est pas passé dans un roman pathétiquement parodique. Parce que lire un truc comme "Le duc encule un dindon dont il fourre en même temps la tête dans le con de Sophie et il coupe la tête du dindon au moment de son orgasme" ou encore "L’évêque se cache dans un panier en osier, plaque son cul contre un trou du panier, se fait enculer par un cheval via ce trou tout en enculant un chien blanc" ça donne juste envie de rire tellement c'est grotesque.
Il n'y a aucun vrai scénario et d'ailleurs, le meilleur : le livre n'est pas terminé. Ce bon marquis a perdu le manuscrit original et n'a donc que le premier mois d'écrit complètement. Les trois derniers mois se résument à une liste de 150(x3) "passions" de plus en plus violentes.
On a presque envie de dire "tout ça pour ça" ?
Du coup, je m'interroge. Alors oui c'est sûrement une espèce d'auto psychanalyse parce que le marquis a été emprisonné pour libertinage et que, sûrement, il valait mieux qu'il écrive tout ce qu'il avait en tête plutôt que de le faire en réalité.
Mais sérieusement? A l'époque, comme ça a pu plaire? Vu la morale qu'il y avait...
Mais alors, comment ça peut plaire aujourd'hui? En ce qui concerne le trash, le net offre à peu près ce qu'on veut dans ce domaine, et très franchement, je n'ai pas trouvé le style littéraire très travaillé...
Enfin bon, je m'arrête là, jamais je n'ai écrit une critique aussi longue, et je pense qu'on aura bien compris que "Les 120 journées de Sodome" ne m'ont pas plues...