De la modernité du moyen-âge
Je n'avais encore jamais lu Karen Maitland, et c'est ma foi une bonne surprise.
Le moyen-âge et ses sombres histoires souvent marquées par la grande peste, les hommes d'églises trompeurs, les seigneurs paillards et les pauvres pétris de maladies toutes plus affreuses les unes que les autres, j'aime bien. J'aime bien parce qu'elles nous rapprochent souvent de l'humain dans sa simplicité.
Hélas, les auteurs s'arrogent souvent le droit de nous bassiner à longueur de pages de leur immmmeeeense culture historique et de nous en mettre plein la vue avec des références aussi absconses que multiples et un langage vieillot qui tente sans doute "l'effet de réel" dans leur littérature. Généralement, au bout de quelques pages, c'est plutôt énervant.
Ici, ce n'est pas le cas. Le moyen-âge de l'auteur ne s'embarrasse (dans la traduction en tout cas) pas de formulation de téléfilm à petit budget. Et pourtant, l'atmosphère y est bien rendue. Les temps y sont sombres, en effet, presque glauque, les personnages attachants, pleins de failles, souvent surprenants et leurs réactions très justes, parce que très "moderne". Il n'est donc pas besoin de parler "moyenâgeux" pour parler du moyen âge. Nous sommes ici dans un thriller, bien mené, de bout en bout, avec une petite pincée de fantastique qui vient rehausser le tout. A lire.