La mort nous appartient ou est l'affaire des vivants ?

Un fait divers, en novembre 2013, un couple âgé de 86 ans se suicide main dans la main dans une chambre de l'hôtel mythique du Lutetia.

Dans une lettre, les octogénaires expliquaient leur désir commun de partir ensemble après 60 ans d'amour dans ce lieu lié à leur histoire, celle des déportés, des rescapés des camps et demandaient à leurs enfants de continuer le combat pour l'euthanasie.

E.Frèche s'inspire de cette réalité pour inventer, façonner deux personnages de papier, Ezra et Maud Kerr, orphelins et seuls rescapés du génocide.

On plonge dans les années 60-70, dans la vie de ce couple sans famille qui après 60 millions de morts de la deuxième guerre mondiale n'ont qu'une envie, faire partie d'une nouvelle génération, profiter au maximum, être audacieux et tout tenter.

Ensemble ils créent une agence publicitaire qui cartonne à cette époque de grande consommation .

Les deux amoureux prônent une liberté absolue, une audace que rien n'arrête. Un couple centré sur eux-mêmes, leur image, leur confort, leur réussite, leur richesse et leur célébrité.

Sexe drogue et rock'n'roll.

Après cette frénésie excentrique, après 70 ans d'amour fusionnel avec les égarements habituels, leurs années de symbiose dans leurs créations de spots publicitaires, octogénaires et en relative bonne santé, ils décident de partir ensemble, se suicider côte à côte avant une dégradation programmée comme pour toutes les personnes âgées.

Ne pas être un poids pour notre société qui vise la performance, qui oublie nos vieux devenus inutiles en les parquant dans des EHPAD en attendant la fin.

Leur choix, éviter ce futur dégradant, rester ensemble pour tirer le rideau de leur vie bien remplie.

On est dans un roman qui semble léger, frivole mais reflète une réalité sordide.

C'est Eléonore, leur fille unique qui raconte.

Avertie par un notaire du suicide de ses parents, sans connaissance de leur dernière volonté.

Elle éprouve un sentiment absolu d'abandon, privée, dépossédée de prendre soin de ses parents jusqu'à leur décès. Elle se sent exclue, étrangère face au suicide commun de ceux qui lui ont donné la vie.

Un cheminement naturel bousculé dans le déroulé du deuil.

La mort nous appartient ou est l'affaire des vivants ?

Fossé, incompréhension pour Eléonore.

La loi en France interdit la liberté de se suicider en bonne santé.

Où se situe la dignité, la vulnérabilité ?

Vaste débat d'une sensibilité extrême.

Ce roman est loin d'être cynique, il nous éclaire et aborde des thèmes comme la filiation, l'héritage, les lieux où on a grandi, une maison où on a envie d'être heureux, de s'enraciner pour créer des souvenirs.

Une écriture simple qu'on veut garder en mémoire.










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bonnie1960
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le 28 sept. 2023

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