Les Amours de Psyché et de Cupidon par Eggdoll
La Fontaine, dans cette oeuvre, change complètement de registre : loin les fables, ici c'est un mythe d'Apulée qui est repris, riche témoignage de l'histoire des dieux. On a également droit à une mise en abyme intéressante : ce n'est pas La Fontaine qui nous raconte le destin à la fois terrible et merveilleux de la sublime Psyché, mais c'est Poliphile entouré de trois amis, avec lesquels il discoure de temps à autre, lors de brèves transitions entre les parties de l'histoire, pour décrire le paysage alentours ou pour débattre sur ce qui est le mieux entre comédie et tragédie. Cet interlude comédie/tragédie, par ailleurs, est intéressant et poussé, mais aussi ennuyeux et hors de propos. De même les descriptions des grottes et autres couchers de soleil en vers, c'est certes parfait en termes d'écriture, mais c'est une digression gratuite.
Oui, car l'objectif de La Fontaine ici, est très clairement de faire atteindre à la langue un degré suprême de perfection : défi relevé avec brio, et on est très pris par le récit une fois les premières pages passées. Il faut vraiment s'y mettre pour goûter aux joies et aux larmes de la concurrente de Vénus et l'amante de l'Amour.
Quelques bémols donc, qui font du court roman une sorte de démonstration entre mythe/argumentation/poésie manquant quelque peu de cohésion, mais avec un grand apport culturel et une langue magnifique. On découvre de plus avec surprise notre fabuliste national sous un autre jour. Et puis ça ne fait que 200 pages, ne boudons pas notre plaisir.