Blade Runner dont le titre originel est Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? est officiellement le tout premier roman de science fiction à mêler à la fois un récit uchronique futuriste et une histoire policière. Mais la conception même de la structure du scénario va plus loin. Les environnements urbains froids et inquiétants n'empêchent pas, une fois la dernière page du livre tournée, de se poser un certain nombre d'interrogations qui se confrontent aisément avec notre société actuelle. Dans un futur proche, avec un tel rythme d'urbanisation et de robotisation effréné des êtres vivants, comment l'homme pourrait-il rester en harmonie avec lui-même et sa société? En dominant la nature et son écosystème entrerons nous dans une perversion immorale qui nous inciterait à s'immerger dans une course à la destruction de l'environnement naturel? Le scénario, même s'il se dote d'une moralisation trop fataliste, y trouve des réponses à travers un message écologique d'une ampleur extrêmement forte, qui vise à interpeller les consciences, et ce de façon très anticipée puisque l'auteur a réfléchi à ces problématiques dès le début des années 1960 avant le Rapport Brundtland (1987) ou le Club de Rome (1968), avec pour message de fond une dénucléarisation planétaire. Du voyage sur Mars au remplacement progressif des robots par de vrais êtres en passant par la dénonciation de l'escroquerie du Nexus 6, le roman est un subtil mélange de polar, de romance et de développement durable. L'auteur nous entraîne au fil des enquêtes de Rick Deckart qui, bien que simplistes au regard de notre perspective actuelle sur des films S.F sans fond, n'en étaient pas moins innovantes pour l'époque, et ont contribué dans les années 1970 à enrichir nos bibliothèques mondiales des romans policiers et de science fiction. A cela plusieurs personnages charismatiques viennent se greffer au scénario principal diversifiant l'intrigue, ajoutant des contextes scénaristiques variés et valorisant la notion d'empathie entre les humains et les androïdes alors que parallèlement la société américaine est rongée par l'individualisme et l'entre-soi communautaire. Un son de cloche qui raisonne donc jusqu'à notre époque. Dans notre période contemporaine ce roman peut être alors perçu, dans le fond, comme un des derniers messages lancés à la virtualisation des rapports entre les hommes et la progression sauvage et malsaine du communautarisme des réseaux sociaux.

Monsieur13000
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le 15 oct. 2015

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