C'est l'histoire de Turambo, et à travers lui, c'est le portrait de toute l'Algérie coloniale que nous livre Yasmina Khadra dans son ouvrage Les anges meurent de nos blessures. De la misère à la gloire, de l'errance à la reconnaissance, des petits truands de Graba aux rings enflammés des capitales, Turambo sillonne toutes les classes sociales de la société algérienne des années 1920, telle une météore qui n'en finirait plus d'éclairer de nouveaux horizons, pour enfin finir sa course rocambolesque dans de froides et obscures geôles, où l'auteur nous dévoile son héros. Khadra, à travers l'évocation d'une myriade de destins, nous conte ainsi toute une époque, quand les colons veillaient toujours avec soin à ce qu'un petit Algérien des rues ne puisse jamais oublier son origine. Tout au long du roman, nous croisons différents personnages, comme des silhouettes auxquelles Turambo s'arrime avant que tout s'écroule : des amantes envoûtantes à une famille meurtrie, de l'intraitable colon à l'ami fidèle, tous nous invitent à la découverte d'un pan de cette société divisée. Finalement, la vie de Turambo est comme une formidable corrida : intense, surprenante et douloureuse, entre rêves et turpitudes. L'écriture de Khadra, elle, passionne par sa puissance. L'envie de savourer chaque phrase se dispute avec celle de tourner les pages toujours plus vite, pour avancer, avec Turambo, dans les arènes flamboyantes de son ténébreux et tumultueux destin.