Excellents souvenirs de jeunes lecteur, j'ai craqué pour l'intégrale des Annales de la Compagnie Noire, notamment car cette édition reste quand même très réussie et invite à l'achat.
J'avais lu dans ma tendre jeunesse le premier tome de cette oeuvre, acheté un peu par hasard, surement parce que le synopsis suggérait une épopée qui différait un peu des histoires épiques de chevaliers en armures resplendissantes que je lisais habituellement à l'époque, et les premières pages parcourues en librairie allaient dans ce sens.
Alors en effet, les premiers chapitres restent très convaincants. Ils instaurent une ambiance au sinistre palpable où nos personnages, vieux guerriers blasés et moroses, évoluent de rue crasseuse en bataille sanglante, narré au lecteur par Toubib, médecin et annaliste de la Compagnie, et le plus blasé et morose d'entre tous.
Cette recette fonctionne et a capté mon attention un temps, le temps d'un tome en réalité. Et si la fin du second tome m'a fait poser cette intégrale pendant plusieurs mois, c'est avec autant de lassitude et de morosité que Toubib lui-même que j'ai achevé le troisième, tant il semble bâclé, comme si l'auteur avait envie d'écrire dans un autre registre et se sentait obligé de continuer d'y adjoindre des éléments de fantasy. Le récit des batailles y est peu inspiré, les personnages perdent en nuance, ne semblent plus caractérisés que par un seul trait de personnalité martelé sans cesse dans la moindre de leurs interactions, certains, beaucoup d'ailleurs, virent carrément au cliché. Les évènements sont réduits à l'ébauche, les descriptions sont brèves, insipides, parfois redondantes, et ne stimulent plus l'imaginaire.
Sans aucune anticipation pour la suite des aventures de la Compagnie Noire, j'ai refermé ce premier volume de l'intégrale de leurs Annales. Avec soulagement, je l'ai rangé sur l'étagère. Avec excitation, je me suis préparé à ma nouvelle lecture d'un roman de Pratchett.