Avant d'être un rêve destiné aux enfants, "Pinocchio" est le rêve d'un adulte ; il est en fait le rêve de tout adulte qui recèle en lui une part de créativité et qui espère que ce qu'il crée prendra vie.
Ici, l'adulte, c'est Gepeto qui a gardé une âme d'enfant et se fabrique une belle marionnette à l'image d'un petit garçon, joyeux compagnon qu'il espère sage et plaisant. Hélas, la vérité est assez éloignée du rêve, comme cela arrive souvent et Pinocchio se révèle paresseux, capricieux et désobéissant. Mais quel enfant ne l'a jamais été ? Très vite commence pour notre héros à tête de bois un parcours initiatique tendant à punir ses vilains instincts et à prôner les bienfaits de l'éducation et de l'instruction. L'école est ainsi présentée par l'auteur comme la grande championne dans cette catégorie.
Conte magique, conte moral, "Les aventures de Pinocchio" offrent un dosage équilibré de fantaisie et de péripéties, de chances à tenter et de leçons à tirer. Le rythme est très enlevé, un peu trop même à mon goût, avec un petit côté précipité qui entraîne parfois la narration dans l'absurde ; il y a un vrai gap entre le fantastique qui se dégage de chacun des courts chapitres et le pragmatisme très concret des enseignements qui en découlent.
Frais cependant, souvent drôle, mais aussi parfois "violent" et effrayant à l'image de plus anciens contes comme ceux des frères Grimm ou de Perrault, ce récit destiné aux enfants est finalement assez superficiellement connu du public, Walt Disney n'en ayant transmis qu'une infime partie - et pas forcément la plus riche.
"Les aventures de Pinocchio" sont plutôt à rapprocher du "Alice au Pays des Merveilles" de Lewis Carroll, où il est aussi question de magie, d'absurde, d'animaux humanisés, d'épreuves, de quête, de pédagogie et enfin, de rêve.