Stanislas Lem, si tant est qu'il faille encore le présenter, est un écrivain polonais, auteur d'une œuvre importante - bien que souvent résumée à Solaris - reconnue et récompensée. Aux côtés de ses romans, tous ou presque classés en science-fiction, il a publié un certain nombre de nouvelles, dont celles qui mettent en scène le pilote Pirx et que l'on retrouve regroupées pour la première fois dans leur intégralité et en français, ici dans leur version sonore.
Au fil d'une dizaine de nouvelles, le lecteur découvre la vie d'un astronaute, de son statut d'apprenti à celui de pilote chevronné. Il y voit évoluer le personnage, qui passe par différentes étapes et se retrouve confronté à ce qui va faire de lui, au-delà d'un pilote, un homme : notamment l'expérience de la mort ou encore une réflexion sur la notion d'humanité. De fait, ce livre est presque plus à considérer comme un roman de formation ou d'apprentissage que comme un simple recueil d'aventures indépendantes. Quant aux intrigues, si elles souffrent occasionnellement de longueurs et manquent parfois de rythme, malgré les efforts de Marvin Schlick pour cadencer le récit, elles composent un livre plutôt convaincant - mais toutefois moins pour ses qualités romanesques ou la délicieuse ambiance typiquement rétrofuturiste de l'époque à laquelle il a été écrit, les années soixante, que pour ce qu'il dit justement de cette décennie.
Publiée en 1959, en pleine guerre froide, la première nouvelle nous présente un jeune homme convaincu par son orientation et bien décidé à mettre à profit son bon sens et sa motivation. Mais avec les années qui passent et les épisodes qui se succèdent, Pirx se révèle de plus en plus désabusé, jusqu'à finir dépassionné. Il faut dire que lorsqu'il signe l'ultime aventure de son pilote, en 1971, Stanislas Lem a eu le temps d'assister à l'épuisement de la conquête spatiale. Entre la première et la dernière nouvelle, les russes ont envoyé un homme en orbite puis les américains ont foulé le sol de la Lune, avant que tout ce petit monde ne se se détourne du satellite, voire de l'espace - jusqu'à s'y intéresser de nouveau beaucoup plus tard. D'ailleurs, en 1972, au lendemain de la publication de la dernière aventure de la série, le programme Apollo est abandonné. Hasard ou coïncidence ? Je vous laisse trancher... Quoi qu'il en soit, les aventures du pilote Pirx reflètent cet état d'esprit et parviennent intelligemment à faire rimer conjecture romanesque et réalité. Bel exploit, non ?
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