La somme des petits délits
Salutaire pour plein de raisons. D'abord parce qu'on a tendance (nous les français) à considérer la seconde guerre comme un conflit franco-allemand, ce qu'il n'est pas. L'action du roman se situe sur le front de l'est (en Pologne, en Russie, etc.)
Ensuite parce qu'on a tendance à représenter le nazisme comme une idéologie campée sur des certitudes. En réalité, les hauts fonctionnaires étaient constamment mis en défaut par l'absurdité même de leur action (parfois, c'est presque drôle tellement c'est ridicule).
Imaginez les organiser des colloques pour décider du sort à donner à certaines peuplades juives issues à la fois de l'immigration de chrétiens et de musulmans, et qui mangent la même nourriture que les allemands non juifs, et qui par dessus le marché sont infiniment sympathiques. Le colloque est juste une occasion de se rendre compte que la pureté de la race n'existe pas. Tout le monde s'en rend compte, mais y'a pas un fonctionnaire pour ouvrir la bouche.
Il y a aussi la foi inébranlable (au début) en Hitler. Chaque décision qu'il prend rencontre l'adhésion absolue des milliers de petites mains à son service.
Et finalement, dans tout ça, personne n'est vraiment responsable car chacun n'est responsable que d'un tout petit délit. C'est la somme des petits délit qui amène à l'horreur. Ca pue la merde.
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