Oui monsieur c'est absurde
Comme le dit le résumé, ce livre a "des accents absurdes". Malheureusement, je n'y ai pas été sensible et c'était trop absurde pour moi (Ok, ça fait écho à l'absurdité de la guerre mais faire des...
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le 4 sept. 2012
L’absurdité est omniprésente en littérature, et notamment dans l’Est de l’Europe. István Örkény (1912-1979) s’inscrit dans la tradition du drame absurde hongrois avec «Les boîtes», un roman traduit par Natalia Zaremba-Huszvai et Charles Zaremba pour les éditions Cambourakis en 2009, qui souligne le caractère absurde du monde, et en particulier de l’armée et de la guerre.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le soldat Gyula Tót adresse une lettre à ses parents, pour leur demander d’accueillir chez eux le commandant Varró pendant sa permission, espérant ainsi bénéficier d’un traitement de faveur sur le front. Dans leur village de montagne, les Tót pleins d’espoir pour leur fils et soucieux de recevoir le commandant dans les meilleures conditions, tentent à la hâte d’améliorer leur intérieur et de masquer les effluves gênantes de leur fosse d’aisances, prévenus des insomnies du commandant et de sa phobie des mauvaises odeurs.
Ignorant le décès de leur fils tombé au champ d’honneur, du fait d’un facteur simple d’esprit et trop bien intentionné qui ne distribue pas les courriers annonçant des mauvaises nouvelles, les Tót accueillent chez eux cet officier supérieur, qui se révèle être non seulement insomniaque mais également sourd et tyrannique. Avec une bonne volonté et une naïveté aveuglantes, ils acceptent toutes les lubies d’un Varró caractériel, qui ruine leur sommeil et interprète de travers la moitié de leurs paroles. Comme une machine qui s’emballe, le commandant Varró alterne louanges, fureur et exigences absurdes, les malentendus se multiplient, et les Tót sont plongés dans une profonde angoisse. Cet emballement va tendre vers son comble lorsque l'officier découvre l’activité de Madame Tót et de sa fille, qui confectionnent des boîtes pour expédier au front gazes et pansements, et qu'il contraint toute la famille à leur fabrication à un rythme infernal.
«Le commandant devenait de plus en plus bavard. Délaissant toute retenue militaire, il avoua sincèrement qu’il passait chez Les Tót les plus beaux jours de sa vie.
Tót lui en était très reconnaissant.
Le commandant expliqua qu’il le devait en grande partie à la fabrication des boîtes. Dès qu’il se réveillait, il avait hâte d’être le soir et pouvoir enfin se mettre au travail.
Tót acquiesça avec compréhension.
Cette occupation avait quelque chose qui élevait l’âme. Elle était plus distrayante que les cartes, plus intéressante que les échecs. Faire des boîtes était la meilleure chose au monde.
Tót approuva.
Ce qui serait bien, dit l’invité d’un air rêveur, c’est si plus, beaucoup plus de gens s’occupaient de faire des boîtes. Un jour peut-être viendrait le temps où l’humanité entière se laisserait convaincre.
Tót jugea que cela serait très utile.»
Les lettres en provenance du front, qui atterrissent toute au fond du puits grâce à un facteur au zèle singulier, soulignent, comme des ponctuations, la dimension tragique de cette farce loufoque.
Un roman déroutant et attachant, qui illustre la folie de la guerre sans jamais la montrer.
Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/05/08/note-de-lecture-les-boites-istvan-orkeny/
Créée
le 8 mai 2015
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