Je ne m'attendais vraiment pas à prendre autant de plaisir à lire cette pièce de Schiller, la première qu'il ait écrite, je crois. Je voulais surtout me coucher moins bête et découvrir l'auteur qui, à l'instar de Goethe, est indissociable de la culture et de la pensée allemandes.
J'ai vraiment beaucoup apprécié "Les Brigands", tragédie en cinq actes, et je me la suis très bien représentée jouée tout au long de ma lecture. C'est presque du romantisme avant l'heure bien que ça sonne terriblement comme du Shakespeare. Sauf que j'ai davantage aimé que Shakespeare qui a tendance à m'ennuyer ferme, exception faite d'"Othello", remarquable, et de "Beaucoup de bruit pour rien", inégalable dans le genre tragi-comique. Mais revenons aux "Brigands" de Schiller.
Le comte de Moor est un vieillard qui a deux fils, Charles et François - quel blasphème que le traducteur ait traduit ces deux prénoms ! - et une nièce, Amélie. Charles est le chouchou, François est l'envieux ; Amélie est folle du premier et convoitée par le second. Parti à l'Université mais requestionné pour la guerre, Charles est loin du logis et François qui le déteste le fait passer pour indigne puis pour mort. Son objectif : de cadet passer à aîné et hériter. Charles, se croyant maudit par son père, se fait bandit de grand chemin, chef de bande quelque part entre Robin des Bois et Cartouche. A partir de là, aventure sur aventure : dettes d'honneur, serments fraternels, parricide, fratricide, féminicide, assassinats, incendie, et j'en passe. Bref, pas le temps de reprendre son souffle, il faut garder le rythme. C'est parfaitement structuré et écrit, lyrique dans les paroxysmes de l'action, émouvant dans les intervalles.
Conquise par le théâtre de Schiller, ma prochaine étape : approcher sa poésie même si lire une poésie traduite est toujours plein de périls.