Les carnets secrets d'Agatha Christie par Alligator
Très déçu. En fait, j'ai fait une erreur, je m'attendais à un ouvrage didactique qui m'aurait permis de retrouver un monde, celui d'Agatha Christie que j'ai un peu délaissé avec l'âge. J'ai appris d'une certaine manière à lire avec Hercule Poirot et suis passé à d'autres lectures par la suite, fort heureusement. Quoiqu'il en soit, j'avais l'intention de revenir dans ce type de polar à énigmes, me rappellant combien la dame Christie savait tourner ses phrases et créer un récit enivrant. Or, l'ouvrage de Curran nécessite une très bonne connaissance de l'oeuvre de Christie. C'est beaucoup trop nébuleux pour moi. Mes souvenirs reviennent trop difficilement au cours de la lecture.
La structure du livre ne m'apparait pas clairement non plus. Le style est très académique, et l'on se rend compte très rapidement que Curran a fait un énorme travail de documentaliste, très méthodique. Il nous plonge dans cette recherche littéraire. Et cela ne m'a pas du tout intéressé. Sa méticulosité à décrire sa recherche m'a très vite lassé. Je suis allé par conséquent très rapidement à la fin de l'ouvrage pour lire les deux nouvelles inédites racontant deux enquêtes d'Hercule Poirot.
La première "La capture de Cerbère" est, je n'ai pas peur de le dire, d'une rare médiocrité. Je comprends qu'elle ne fut jamais éditée. Elle manque de réalisme. Au contraire, la vision diplomatique de Christie sur la situation politique en Europe à la veille de la seconde guerre mondiale fait preuve d'une ingénuité confondante, d'une rare et épuisante naïveté. De plus, la structure du récit n'apporte rien, pas de tension, ni suspense. Bref, elle se lit aussi vite qu'elle s'oublie.
La deuxième "L'incident de la balle du chien" est beaucoup plus attirante, bien menée. Elle rappelle merveilleusement le sens de la direction des personnages de Christie, son intelligence, la brillance narrative. Une petite nouvelle tout à fait réjouissante. On finit donc sur une bonne note.
L'ouvrage de Curran me parait destiné à des lecteurs spécialisés. Quasiment universitaire, ce travail ne pourra ravir que ceux qui connaissent Christie par coeur.