La mise en garde au lecteur est loin d'être abusive : c'est un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains.
Si la lecture est parfois complexe, elle n'en est pas moins jouissive. Ces chants mêlent avec splendeur récit et poésie, beauté malsaine et obscurité philosophique, misanthropie blasphématoire et humanisme douteux. Résumer Les Chants de Maldoror est une tâche impossible : il s'agit à la fois de l'épopée d'un personnage aussi mauvais qu'attachant, d'un recueil de prose poétique malsaine et d'un manifeste de la misanthropie portée par le lyrisme d'une plume parfois opaque. Et si parfois le protagoniste s'acharne à être détesté, à rebuter le lecteur, je n'ai pas pu m'empêcher de m'attacher à lui, à son insanité et à ses passions troubles. C'est sans doute là tout le charme des Chants de Maldoror : dissonants et difficiles à apprécier, mais une fois qu'on commence à y trouver un je-ne-sais-quoi d'agréable, la lecture devient sournoisement enivrante...
Véritable bible misanthropique reniant Dieu et les Hommes, c'est une œuvre décadente qui, immanquablement, plaira aux amateurs des œuvres du XIXème siècle, ce siècle du fantastique, de la remise en cause de la Beauté, et de la poésie macabre.