Ca va être très très dur de donner un avis dessus... D'abord, j'ai mis du temps à vraiment apprecier, j'ai l'impression que le style se faisait plus fluide au fil du roman, ou plutôt qu'il faut de l'exercice, de l'entraînement, pour vraiment apprecier son écriture. Je crois que j'ai du attendre le chant troisième pour vraiment accrocher. Roman de la perseverance, donc. L'idée de presenter la plus grande immoralité pour prôner la morale ne m'a pas séduite, à mes yeux c'est un echec, au contraire je voyait comme Maldoror la beauté de ces actes et de ces pensées amorales. Le mélange d'un fantastique mystique avec les actes de la plus grandes bassesse humaine est assez incroyable, résolument hors du temps, dérangeant et vomitif, mais aussi fascinant. Le sicieme chant, qui est en fait le seul véritable "récit", est divertissant, et assez marginal par rapport au reste du bouquin, il ne va pas dans sa continuité ni son unité, mais pourtant la sublime. Comme une bouffée d'air frais après ces suffoquantes reflexions d'une poésie morose.
Etaient joints dans mon volume Poésies I et Poésies II, sorte de traités sur le rôle d'un bon littérateur, où Isidore Ducasse se montre condescendant, dénigre les plus grands auteurs de son siècle, et ce sans le moindre argument. Je n'ai pas tenu et ai cessé de lire. Je pense que Les Chants de Maldoror sont sa seule oeuvre qui vale le coup d'être lue... mais quelle oeuvre ! Dérangeante à souhait, à la fois mal-être adolescent, éloge et blâme de la perversion, poésie cynique et réflexion sur l'écriture, je ne comprend pas qu'on étudie pas ce genre de bouquin qui est à la fois ancré dans la littérature moderne, et à la fois un véritable OVNI littéraire (je dirais : surtout pour l'époque).