Que de malices, tortures, perversions et sourires chantées tout au long de ces pages. Isidore Ducasse a-t-il vraiment existé ou n'est-il finalement que l'avatar terrestre de son personnage, Maldoror, dont la haine et le chagrin, projetés à la face du lecteur, coulent et abondent le long des lignes et mots, poisseux et amer, comme une plaie béante et qui saignent abondamment, un million de rats pestiférés forçant la sortie des égouts de Paris. Le démon de ces pages, hérétique et assoiffé de sang, refuse la soumission, refuse un ordre trop bien établi et trouve la beauté dans un pou sanguinaire comme dans une potence où un homme innocent est torturé par sa mère et sa femme. Car Maldoror voit la beauté partout, et s'il s'intéresse à ce qu'il y a de plus sombre dans l'humanité, ce n'est que pour mieux mettre en valeur ce qu'elle a de plus beau, de plus incroyable, fut-ce l'amour ou un hermaphrodite, allongé dans l'herbe.