Shant lointain
« Les chroniques de Durdane » est un des cycle de space opera de l’auteur Jack Vance, auteur de SF de la 2ème moitié du XX siècle, bien connu pour sa contribution au genre et ses récits riches en...
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le 10 févr. 2018
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Ah ! Ahahahaha !
Il suffit de regarder les étiquettes Babelio de ce bouquin pour comprendre qu'on a affaire à quelque chose de tout à fait original ! Je cite, dans le désordre : "Fantasy, science-fiction, dystopie, dictature, secte, planet-opera, space-opera, guerre", et j'en oublie...
C'est juste magnifique ! La preuve, j'ai l'intégrale, mais au départ je ne voulais lire que le tome 1. Et voilà, j'ai fini l'intégrale !!!
C'est simple, que ce soit le décor, l'univers, l'intrigue, les personnages, le langage, c'est fabuleusement bien amené, bien écrit, bien décrit, cohérent et absolument passionnant.
Sur Durdane, le Shant est composé d'une myriade de micro-sociétés fonctionnant chacune avec des règles différentes, sous l'autorité d'une seule personne, l'Anome, ou "l'Homme Sans Visage", qui fait régner ordre et lois (parfois débiles) grâce à un moyen tout bête : un torque posé au sortir de l'enfance qui décolle la tête du corps au moindre faux pas. Autant dire que tout le monde marche droit, même si les règles sont iniques ou totalement stupides, et les sociétés du Shant sont basées sur un système d'asservissement des basses classes, "l'indenture".
Le Shant a été en guerre plusieurs fois, (qu'il a perdu à chaque fois) avec une autre société de Durdane, dont on ne sait au départ pas grand chose, si ce n'est qu'ils pratiquent une génétique déviante pour produire leurs propres esclaves, le Palasedra.
Au début de l'aventure, pendant la jeunesse de Gatzel Etzwane, personnage principal de la saga, et qui s'appelle, à ce moment-là, Mur, on assiste à la mise en place de l'univers, des sociétés et de la planète.
Une fois de plus je n'ai pas du tout vu la soit-disant misogynie de Vance là où Alfaric n'a pas arrêté de la voir, c'est assez amusant, surtout que je suis, a priori, plus concernée qu'un mec. Mdr !
Avec les Chilites, société où est né Mur, on a une société sectaire "criminelle" qui est ce qu'elle est. Fort bien décrite par Vance, au passage. Et bien au contraire, Mur voulant absolument sortir sa mère des griffes de ces affreux, ne pouvant passer que par le rachat de son servage, vu l'histoire des torques, il m'a paru plutôt féministe, et tout à fait cohérent.
Au final, dans toutes ces histoires, Vance ne me paraît, une fois de plus, je me dois de le dire, pas misogyne ! Juste réaliste, réaliste sur ce que sont les hommes et les femmes dans leur grande majorité. D'autant plus que dans le tome 3, c'est une femme qui va être l'instructrice principale de Gatzel, une femme qui aura appris les plus de 20000 chants Kas et qui les lui transmettra à son tour, en partie, du moins. Mais quand on estime que le tome 3 ne sert à rien, forcément, la femme qui y est importante est invisible.
Ce que je vois, moi, dans les romans de Vance, c'est que tout le monde est à égalité. Il y a des femmes bêtes et d'autres intelligentes, comme les hommes, des femmes qui se battent pour survivre et d'autres qui subissent, comme les hommes, des femmes qui manipulent et d'autres qui sont manipulées, comme les hommes, etc etc... Pour moi, il n'y a pas plus égalitaires que ça, et j'aime ça.
Pas d'illusions, ni sur les hommes, ni sur les femmes. Il y a même dans le Shant des sociétés matriarcales... Je réfute donc l'étiquette "misogyne" concernant cet auteur, maintenant j'en ai suffisamment lu pour savoir que c'est faux.
Ensuite, Gatzel devenant adulte (en tant que musicien dans la troupe de Frolitz, ce qui explique qu'il ait un torque, un métier, même si ce n'est pas décrit), et ayant cumulé assez d'argent, il va enfin pouvoir libérer sa mère.
Las, une nouvelle race, jamais vue avant, les Roguskhois, pratiquent des raids de plus en plus osés dans le Shant, où ils tuent les hommes et enlèvent les femmes.
Interpellant l'Anome, totalement amorphe face à cette menace grandissante, il va alors devenir le personnage central d'une sorte de révolution, grâce à l'aide d'un personnage antipathique au possible, Ifness, qui est, certes, le deus ex machina de Vance dans tout cela, mais tout de même assez cohérent pour être crédible, et qui permet de faire avancer l'aventure.
Dans toute la suite de l'intégrale, la politique intra-Shant et entre le Shant et le Palasedra (qu'on soupçonne d'être à l'origine des Roguskhois) va s'étoffer. On découvre divers personnages importants dans le "gouvernement" du Shant, et on retrouvera Finnerack, croisé dans le tome 1.
Gatzel va se lancer dans un "tour du Shant" où justement on va découvrir des tas de ces micro-sociétés, les encourager à la guerre contre les envahisseurs, toute l'organisation va peser sur ses épaules, et la lourdeur de la tâche est vraiment bien décrite, d'autant que certains essaient de se débarrasser de lui, bien évidemment.
Si je ne veux pas spoiler, je ne peux pas vraiment parler réellement de ces deux derniers tomes. Et comme j'ai été surprise et bien accrochée, je ne veux pas enlever ce plaisir à mes lecteurs.
Sachez juste que j'ai beaucoup aimé le développement qu'a donné Vance à l'aventure de Gatzel Etzwane, et les explications d'Ifness se tiennent plutôt bien, dans l'ensemble.
De plus, les suites politiques dans le Shant sont très réalistes, là aussi, c'est franchement très réussi.
Les rivalités "verts" contre "pourpres" m'ont gentiment ramenée aux "verts" et "bleus" de l'empire byzantin, on a les références qu'on peut... Ou comment l'utopie rêvée par Gatzel devient une foire d'empoigne...
Bref, coup de coeur en ce qui me concerne, même si la fin est un peu en dessous du reste.
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Créée
le 26 oct. 2019
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