Les Chutes c'est l'histoire d'Ariah, personnage d'une complexité et d'une ambivalence folles, vieille fille de pasteur effrayée par l'idée de sa nuit de noces dans un hôtel de Niagara Falls affublée d'un mari, fils de pasteur lui aussi, mais dont elle n'a pas voulu, du moins pas vraiment. Tant mieux pour elle, il se jette dans les chutes au petit matin de cette éprouvante nuit, disant dans un mot d'adieux qu'il les libère tous les deux.
Les Chutes c'est l'histoire d'Ariah, mère de famille solide comme un roc mais si ébranlée par la mort dans les chutes du seul homme qu'elle n'a jamais aimé. Son combat quotidien consiste alors à tenter de tenir soudés ensemble ses trois enfants si différents les uns des autres, si intelligents chacun à sa manière et si remplis de questions sur ce père qu'ils ont peu ou pas connu et dont toute la ville ne veut rien dire dans le meilleur des cas et dit tant de mal dans le pire.
Les Chutes c'est l'histoire c'est l'histoire d'Ariah, femme convaincue qu'elle n'avait pas le droit d'être aimée et aujourd'hui hantée par les fantômes des amours perdues. Son véritable refuge elle le trouve dans les cours particuliers de musique qu'elle dispense aux enfants de quelques familles de la ville. Les quelques dollars qu'elle en tire lui permettent à peine de maintenir un semblant de train de vie, tellement éloigné de celui qu'elle a connu pendant quelques années.
Les Chutes c'est l'histoire d'Ariah qui, par erreur, est un jour tombée amoureuse d'un nom de famille maudit et qui allait, après un semblant de bonheur partagé, faire de sa vie un chemin de croix. Cette vie d'épreuves en a fait une femme de contrastes, mère psychorigide et pleine d'amour, femme de principes et d'indécisions, de vérités et de non-dits, citoyenne asociale et effrayée par la solitude. Cette vie d'épreuves en a fait une femme divisée entre passée qu'elle renie, un présent qu'elle tente de figer et un avenir qu'elle refuse.
Les Chutes c'est l'histoire d'Ariah, faite d'une écriture puissamment évocatrice et très exigeante envers le lecteur. L'effet peut être très étrange, l'enthousiasme n'étant pas très présent durant la lecture, il n'empêche pas de voir la satisfaction apparaître dès la dernière page, lorsque le lecteur est traversé par le sentiment qu'il vient de découvrir une histoire forte et qu'à l'instar d'Ariah il a pu connaître, lui aussi, un moment de pur bonheur.
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