aventures. Il est à l’image de son pays, rude et froid.
Conan a eu plusieurs vies. Il a était tour à tour fugitif, capitaine de navire, pirate, général et même Roi.
Il vit à l’âge hyborien, période fictive qui se déroule entre la chute de l’Atlantide et la naissance des civilisations de Sumer, de l’Égypte antique et de la Grèce antique.
Cette période est trouble, les civilisations se font, se défont, et sont confrontées à de nombreuses guerres et invasions. La sorcellerie y est omniprésente et puissante.
À peu près tout le monde connait Conan, au cinéma, sous les traits d’Arnold SCHWARZENEGGER. Ses aventures sur papier sont moins connues et surtout elles ont été faussées durant des décennies !
Effectivement, pendant très longtemps les aventures de Conan ont été censurées et ont fait l’objet de décisions éditoriales plus que douteuses après la décès de l’auteur.
Tel que le détournement et la modification des récits pour en faire une chronologie linéaire des aventures du personnage. Alors que l’auteur n’affichait pas cette volonté.
Pour en savoir plus sur cette sombre histoire, je vous invite à vous procurer le numéro 84 de la revue Bifrost, avec un dossier spécial sur Robert E. HOWARD.
La volonté de la maison Bragelonne a été de recompiler l’ensemble des nouvelles (et un roman) dans leur ordre de création chronologique. Cette compilation a été faite sous la houlette, notamment, de Patrice LOUINET expert francophone en la matière.
Il est donc possible d’affirmer que si vous voulez lire Conan, ça reste à ce jour le meilleur support, le plus documenté et le plus fidèle.
Pour ma part, cette lecture, de quelque mille cinq cents pages, a été ponctuée de haut et de bas. Mais dans l’ensemble, si vous êtes féru de fantasie et plus précisément de Sword & Sorcery il est difficile d’en faire l’impasse.
J’ai apprécié la vision de l’auteur sur l’opposition de la civilisation à la barbarie. Au fil des aventures, il met en avant cet enjeu avec pour paroxysme deux nouvelles présentes dans le dernier tome.
J’ai aussi aimé les références lovcraftienne qui ponctuent les aventures. HOWARD et LOVECRAFT entretenaient une correspondance riche, abondante et clairement ça se ressent.
Le premier tome est le plus barbant (Barbare ?), il contient 13 nouvelles. Elles sont inégales, même si elles permettent de voyager et de rêver à travers l’exotisme des récits.
Conan y fracasse des cranes à tour de bras, y rencontre une multitude de jeunes filles légèrement vêtues, voire pas du tout et doit affronter des sorciers toujours plus maléfiques.
Elles ont été écrites pour des besoins alimentaires, afin de les vendre à la revue Weird Tales. L’auteur joue souvent avec les mêmes ficelles scénaristiques, parfois jusqu’à l’indigestion.
De plus, il ne faut pas être allergique à la misogynie. Il y a quelques passages qui font grincer des dents. Mais à chaque époque ses mœurs.
Le second tome contient le roman « L’heure du dragon », ainsi que deux nouvelles. Le roman n’est pas exceptionnel, mais contient certains passages qui valent le détour.
Conan est au terme de sa longue carrière et se retrouve roi d’Aquilonie (vaguement ressemblant à l’Empire romain). Il y est question de complot, d’assassinat et bien sûr de sorcellerie.
Le troisième tome, quand à lui, contient cinq nouvelles, dont deux sont vraiment excellentes.
« Les clous rouges », un huit clos dans une cité antédiluvienne ou deux familles s’affrontent de façon sanglante et mortelle. Conan et sa comparse sombrent peu à peu dans l’horreur.
« Au-delà de la rivière noire », une fuite en avant du héros impuissant face à une invasion barbare. Un récit rythmé et implacable.
Le troisième tome vaut le détour rien que pour ces deux nouvelles.
Les trois tomes contiennent chacun un appendice, ponctué d’anecdotes, de récits inachevés et d’extraits des travaux de l’auteur. Clairement destiné au fan ou à ceux qui veulent aller plus loin.
Dans l’ensemble, il s’agit d’une belle compilation, avec un énorme travail derrière qu’il convient de saluer.
Grâce à ce travail le travail de l’auteur a été respecté.
Après lecture de ce dernier tome on ne peut que regretter le décès précoce de l’auteur.
La critique de Conan sur Lecture 42