La beauté suffit-elle à faire un livre ?
Sacha Sperling, c'était un peu mon chouchou depuis son premier roman, et ce d'autant plus que je l'avais découvert avant son succès et tirait donc une sorte de fierté personnelle de sa réussite. Un vrai coup de coeur donc pour "Mes illusions donnent sur la cour" et pour son auteur qui était devenu dans mon catalogue littéraire personnel une affaire à suivre de très près. Je fus donc ravie à l'idée de repasser du temps en compagnie de sa plume à la sortie de son second roman.
Le résultat est, à mon sens, mitigé. En effet, la quatrième de couverture nous dit tout ce qu'il y a à savoir sur cette idylle entre Lou, bimbo désabusée, et Jim, faux gangster un peu barré. Rien de bien original dans ce pitch, pas plus que dans son traitement. On attend inlassablement, à l'instar des héros, qu'il se passe quelque chose : un éclat, un drame, un rebondissement. Et puis, rien. On partage simplement leur ennui et j'ai trouvé peu d'intérêt à cette romance de loosers que l'on veut nous faire passer pour les Roméo et Juliette du pauvre.
Maintenant, le style est là, et c'est tant mieux. On retrouve la plume de Sperling, ses figures de style obscures et délicieuses, son ton tranchant, franc, percutant. L'esthéthique est soignée d'un bout à l'autre. C'est donc un beau roman, au sens littéral. Malgré tout, on le referme en se disant qu'on a pas tout perdu, car la poésie, elle, était bien là. Le tout est de savoir si elle se suffit à elle-même, mais chaque lecteur tranchera.